«Canti di a terra»: extase et discrétion – Bible urbaine

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«Canti di a terra»: extase et discrétion

«Canti di a terra»: extase et discrétion

Publié le 3 avril 2012 par Luba Markovskaia

L’ensemble Constantinople est reconnu depuis une dizaine d’années sur la scène montréalaise pour le métissage de traditions qui est au centre de sa création musicale. Que ce soit avec de la musique turque, andalouse, klezmer, mexicaine ou québécoise, la fusion musicale traverse les saisons de Constantinople, en résidence depuis dix ans à la salle Pierre-Mercure, avec une efficacité variable, mais avec une recherche sincère du dialogue avec les différentes traditions musicales et une fidélité toujours renouvelée du public.

Le 2 avril, ils présentaient un concert bien mûri qui a fait ses preuves, et ce, au terme d’une tournée internationale. Canti di a terra allie la délicatesse de la musique persane à l’intensité des polyphonies corses. L’ensemble Barbara Furtuna, un quatuor masculin de voix corses, s’est en effet joint à Constantinople, constitué des frères Kiya et Ziya Tabassian et du gambiste Pierre-Yves Martel, dans une collaboration particulièrement réussie.

La fusion particulièrement serrée de ces deux musiques est possible puisqu’il s’agit de deux musiques modales. Ainsi, le chant perse interprété par Kiya Tabassian se mêle harmonieusement aux chants traditionnels corses pour créer des harmonies nouvelles et toujours planantes. Cela assure également une grande unité tonale tout au long du concert, ce qui peut par contre paraître répétitif pour certains. Cette continuité est par ailleurs compensée par une grande variété de répertoire, qui passe sans cesse du sacré au profane, de formations harmoniques, car on passe d’un solo percussif de Ziya Tabassian à des chants a capella, en passant par un duo de guitare et de sétar, et de nuances, la musique passant d’une discrète improvisation instrumentale à une extase de voix en polyphonie.

Les chanteurs de Barbara Furtuna ont en effet séduit le public et ont su à la fois rendre un son typiquement corse tout en adoucissant son ardeur pour mieux se marier à la finesse des sons persans. Dans ce cas-ci, la fusion a réellement eu lieu. Autant au niveau musical qu’au niveau humain, Canti di a terra représente une véritable rencontre, tangible et énergisante.

Appréciation: ****

Crédit photo: Christian Andreani

Écrit par: Luba Markovskaia

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