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Crédit photo : Ron Wyman
Utiliser le terme «musique du monde» pour qualifier son style serait à la fois réducteur et imprécis. Les étiquettes ne sont de toute façon pas très prisées par le plus célèbre des touaregs, reconnu pour ses opinions balancées et sa propension à faire la part des choses.
Des exils éducatifs
Souvent exilé mais jamais égalé, Bombino s’est éloigné de son Niger natal plusieurs fois dans sa vie, au gré des tourments politiques qui affligeaient la région. Son patriotisme se transmet, dans sa musique, par une mélancolie pour le territoire qui l’a vu grandir, et une grandiose célébration de ses rythmes et de ses attraits. Et comme on ne revient jamais les mains vides d’un exil, il y incorpore des influences algériennes, burkinabés et libyennes, sa vie de musicien errant l’ayant fait transiter par ces pays, parmi plusieurs autres.
Un sceau d’approbation
Son album Agadez, paru en 2011, l’a fait connaître par plusieurs musiciens en vue à l’époque, dont les Black Keys, dont le membre Dan Auerbach, qui s’est retrouvé comme producteur de son album Nomad, un classique contemporain lancé en 2013. Cette crédibilité «indie rock» l’a aussi amené à travailler avec Dave Longstreth, des Dirty Projectors, sur son album de 2016, Azel.
Son plus récent opus, Deran, datant de l’an dernier, a été produit par son gérant, Eric Herman, et marque un certain retour à ses racines plus traditionnelles. Enregistré à Casablanca, au Maroc, dans un studio appartenant au roi Mohammed VI, il met de l’avant des pièces qui célèbrent le désert qui l’a vu naître, et ses guitares y sont plus fluides que jamais, s’écoulant comme le sable des dunes en dansant du rythme à la mélodie, ses paroles en Tamashek évoquant les chants ancestraux qui n’ont jamais quitté la tradition.
Oser improviser
L’artiste privilégie souvent l’improvisation, en se rendant au studio et en laissant la magie opérer, sans nécessairement avoir un plan. Il reconnaît que la guitare, cet instrument tout de même omniprésent dans la culture populaire, recèle encore pour lui une part de mystère, et que même si ses doigts ont soigneusement exploré chaque millimètre carré de l’instrument, il se surprend encore à en découvrir certaines subtilités.
Pour parvenir à écrire une chanson, Bombino s’inspire de la vie en tournée et des émotions souvent aliénantes qu’elle provoque. Sa voix qui coule comme du miel sur les accords hypnotiques et répétitifs de sa guitare fortement maîtrisée opère un charme indéniable, formant un ensemble cohésif et séduisant qui nous frappe droit aux hanches.