SortiesExpositions
Crédit photo : Courtoisie de La Biennale de Montréal
Dès que le spectateur dépasse le comptoir d’accueil du Musée d’art contemporain de Montréal, il découvre les imprimés suspendus par des fils de fer dans la rotonde de l’institution montréalaise. Il s’agit d’une œuvre d’Étienne Tremblay-Tardif composée de plusieurs matériaux intitulée Matrice signalétique pour la réfection de l’échangeur Turcot (2009-2020). Ces impressions numériques sur du tissu peuvent évoquer l’ampleur du projet ainsi que sa nature actuelle, par les articles de journaux qui parlent de l’échangeur, de sa dégradation et de ce qui le relie à la métropole; on remarque aussi les affiches et plans d’architecture. Le déplacement du regard du spectateur change inévitablement sa vision de l’œuvre. En plus, une installation – composée en partie de plexiglas – est montée sur des blocs de béton, dont les noms des maires Doré, Bourque, Tremblay, Applebaum, Blanchard et Coderre figurent en couleurs. De plus petits écrans sont aussi placés aux extrémités, donnant l’impression d’être aux côtés d’un monstre comme l’est un peu Turcot…
Une fois l’escalier monté, en plein devant l’espace d’exposition général du musée, notre parcours débutant à droite nous amène immédiatement devant A Nobel Prize and a Bible (2014). Riche en sens et en évènements historiques, l’œuvre fait référence à une lettre envoyée à Martin Luther King en 1964 dans laquelle on l’incite au suicide, sous peine d’être victime des conséquences du refus de passer à l’acte. Cinq panneaux sont placés à la verticale à 90˚ du mur, des cadres dont les contours noirs sont usés enferment chacun une vitre comportant des zones de miroirs fragmentés. Deux cadres renfermant du contenu textuel, la première étant cette fameuse lettre dédiée à Luther King, viennent compléter le tout. Sans oublier les lumières rouges et vertes fixées au plafond qui viennent mettre en scène les panneaux, la vitre ainsi que les fragments (zones) de miroirs. La position du spectateur est aussi importante, puisqu’en observant en face le contenu des cinq panneaux, il se trouve que le regard traverse tous les cadres, additionnant les couches de lecture. Des couches qui symbolisent, selon l’artiste Edgar Arceneaux, cinquante ans d’histoire. Tout ce qu’il y a de plus fascinant autant sur le plan référentiel qu’esthétique.
Un peu plus loin, c’est deux œuvres de l’artiste d’origine norvégienne Ann Lislegaard Time Machine (2011) et Dobaded (2014) qui nous sont présentées dans une pièce noire. C’est plutôt la première qui intrigue, car «un renard animé raconte son voyage dans l’avenir», indique le cartel d’exposition. Une boîte en miroirs est ouverte et une partie n’est plus reliée à l’ensemble. Le renard, dont l’image est projetée sur les miroirs, devient incohérent ou «bogué» en bon français, si vous le permettez. Les mots sont répétés, des éléments de l’image de l’animal s’effacent. Le message du renard est donc parfois incompréhensif. Illustration des limites de la technologie? L’interprétation peut être multiple, mais force est de constater que les interrogations sur les avancées dans le domaine du numérique et de la techno ne feront que s’accentuer, vu l’état du monde actuel.
La Biennale de Montréal 2014 est présentée jusqu’au 4 janvier 2015 au Musée d’art contemporain ainsi que dans plusieurs autres lieux et institutions culturelles. Pour consulter les heures d’ouverture du musée ou pour d’autres informations sur BNLMTL 2014, veuillez vous rendre sur les sites web suivants: bnlmtl2014.org et macm.org.
L'avis
de la rédaction