La BNLMTL 2014 au Musée d’art contemporain de Montréal – Bible urbaine

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La BNLMTL 2014 au Musée d’art contemporain de Montréal

La BNLMTL 2014 au Musée d’art contemporain de Montréal

Propositions esthétiques multiples, partie 2

Publié le 30 octobre 2014 par David Bigonnesse

Crédit photo : Courtoisie de La Biennale de Montréal

Lorsque l’on parle d’avenir, il est essentiel d’analyser ou de jeter un regard sur le présent ainsi que sur le passé. Pour changer le cours des évènements, une radiographie actuelle du monde devient alors indispensable. Les œuvres des artistes offrent souvent cette possibilité, soulignent les travers de la société et nous obligent à sortir de notre ignorance volontaire ou involontaire. Plusieurs créations présentées à La Biennale de Montréal 2014 au Musée d’art contemporain de Montréal dévoilent, déroutent et dérangent. Deuxième texte sur l’exposition au MAC.

Après avoir pénétré l’installation imposante et envahissante (dans le bon sens du terme) de Simon Denny intitulée All You Need Is Data: The DLD 2012 Conference REDUX Rerun (2012), à notre gauche se trouve une série de 12 images affichées au mur. De loin, celles-ci presque toutes noires renferment des pans de vies humaines oubliées. Dans (And) Others Echoes (2013), le processus de création n’est aucunement anodin. L’artiste Raymond Boisjoly a réalisé ces images «en mettant un iPhone ou un iPad en train de passer le film sur un lecteur optique à plat», selon la description, créant ainsi une déformation ou une sorte d’abstraction de l’image. Ce film, pierre angulaire de cette création, c’est The Exiles (1961) de Kent Mackenzie, dans lequel on relate le parcours d’Amérindiens ayant délaissé les réserves du sud-ouest états-unien pour vivre à Los Angeles. Ces «tableaux» très sombres, puisque l’on arrive à distinguer difficilement des lieux et des visages, illustrent l’occultation dont sont victimes les communautés autochtones, dans ce cas-ci urbaines. On est en outre aveuglé par l’artiste avec ses œuvres, ce qui nous renvoie à notre propre aveuglement habituel.

Dans la salle suivante, assez grande, l’œuvre d’Andrea Bowers Courtroom Drawings (Steubenville Rape Case, Text Messages Entered As Evidence, 2013) (2014) située au fond intrigue. Les visiteurs se dirigent vers cet immense affichage mural, 56 dessins au feutre sur papier pour être plus précis, et ne s’attendent pas à y trouver autant d’impudeur et de violence textuelle. Véritable contraste avec les nuages et les divers tons de bleu derrière les zones de textes. Si le regardeur ne lit pas l’information qui accompagne la création, il peut croire sans aucun doute qu’il s’agit d’une pure création imaginée. Malheureusement, les échanges de textos et de messages sur les réseaux sociaux inscrits font bel et bien référence à viol commis en Ohio en 2012 par des membres d’une équipe de football scolaire, une histoire appelée le «Steubenville Rape Case». L’œuvre donne de mauvais frissons, nous en plein visage le côté sauvage et spontané des médias sociaux, aspect de plus en plus visible depuis quelque temps. Certains regardeurs complètement décontenancés semblent reprendre leur souffle en sortant de la zone artistique de Bowers. Comme quoi l’art peut aussi révéler les pires côtés de l’humain à travers le prisme des réseaux contemporains.

Courtroom-Drawings-Andrea-Bowers-BNLMTL2014-MAC-Critique-Sorties-Expositions-Bible-urbaine

En revenant sur nos pas, devant l’entrée de l’espace général d’exposition, plusieurs autres créations sont présentées à notre gauche. Dans une salle, ce sont quatre rideaux motorisés (avec processeur), noirs d’un côté et blancs de l’autre, qui volent la vedette. Avec Tomorrow’s Achievements (2014) de l’artiste d’origine britannique Ryan Gander, c’est toute la conception de l’environnement immédiat et de la spatialité qui est au centre de cette réalisation. Deux rideaux se déplacent sur les rails motorisés dans un sens, et les deux autres, dans le sens inverse. L’entrée est parfois bloquée, les œuvres accrochées sur les murs sont de temps à autre cachées, la pièce est en quelque sorte théâtralisée. La reconfiguration de l’espace s’effectue selon l’emplacement des rideaux.

Dans une tout autre perspective matérielle et esthétique, l’œuvre en acier inoxydable de Nicolas Baier Eternity (2014) fascine et impressionne. Cette immense structure affiche des courbes luisantes et texturées qui déforment le reflet des passagers du musée. Il est ardu de remarquer que la création de Baier est en fait «le mot Eternity écrit en cursive classique», comme nous le dit le cartel. Une partie du sens de l’œuvre s’avère donc non révélée. Tout ceci nous mène au fait suivant: que la façon d’envisager l’avenir est propre à chacun, que l’art nous soumet des pistes de réflexion, que l’adoption d’une posture x, physique ou visuelle, devant une création transforme inéluctablement l’acte de réception.

Eternity-Nicolas-Baier-BNLMTL2014-MAC-Critique-Expositions-Sorties-Bible-urbaine

La Biennale de Montréal 2014 est présentée jusqu’au 4 janvier 2015 au Musée d’art contemporain ainsi que dans plusieurs autres lieux et institutions culturelles. Pour consulter les heures d’ouverture du musée ou pour d’autres informations sur BNLMTL 2014, veuillez vous rendre sur les sites web suivants: macm.org ou bmlmtl2014.org.

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