«Birds With Skymirrors» de Lemi Ponifasio au Festival TransAmériques (FTA) – Bible urbaine

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«Birds With Skymirrors» de Lemi Ponifasio au Festival TransAmériques (FTA)

«Birds With Skymirrors» de Lemi Ponifasio au Festival TransAmériques (FTA)

Perturbation gracieuse

Publié le 31 mai 2013 par Olivier Boivin

Crédit photo : Festival TransAmériques

Mercredi soir avait lieu la première représentation du spectacle de danse Birds With Skymirrors au Théâtre Maisonneuve, spectacle fort attendu et dirigé par Lemi Ponifasio, créateur de MAU (1995). Après s'être impliqué dans cette plateforme de réflexion critique et de créativité autour d'artistes, érudits, activistes, intellectuels et leaders communautaires, il s'est maintenant entouré d'une douzaine de danseurs talentueux et minutieux, permettant ainsi au spectateur de vivre un voyage spirituel unique.

Il y avait foule à la Place des Arts pour la représentation de Birds With Skymirrors. Le chorégraphe néo-zélandais d’origine samoane a choisi ses racines pour exprimer l’inquiétude et l’état d’urgence face à une pollution alarmante dans son pays. Cet endroit, les Îles Samoa, est situé un peu plus à l’est de la Nouvelle-Guinée, en plein océan Pacifique, et détient une histoire riche en tradition des mœurs.

C’est à partir de cette nouvelle réalité que Lemi Ponifasio a voulu sensibiliser les spectateurs. En effet, alors qu’on croyait apercevoir une image sur écran géant d’un pélican qui en arrachait à cause d’algues noires qui le clouait dans l’eau, l’empêchant de voler librement, on a vite compris, grâce au ton de la musique stridente et lourde utilisée, qu’il s’agissait plutôt de pétrole dégoulinant, une dure réalité qui paralyse la faune. Les danseurs personnifiaient tantôt des dieux, tantôt des moines, tantôt des oiseaux.

Entre prière et cris de désespoir, plusieurs sons et cris de panique sortaient de la bouche des interprètes. On a donc passé par une certaine crise mise à nu puis un moment de panique, de vulnérabilité et, finalement, un plan d’action et une cérémonie d’espoir et d’appel à l’aide afin de bien clôturer le tout.

Malgré qu’au départ l’ambiance du spectacle semblait lente à aboutir du point de vue du spectateur, on nous a transporté tranquillement vers une cérémonie de prière non religieuse, un contact direct avec une forme de spiritualité en harmonie avec la nature, les conflits des règnes (dieux, humains, animaux), l’ensemble en rapport direct avec les différents éléments de la planète.

C’est la raison pour laquelle les danseurs, vers la seconde partie du spectacle, ont aspergé la scène des poussières de leurs ancêtres. L’aspect un peu décevant de ce spectacle, qui était fort prometteur, est qu’il y avait un manque au niveau musical, à savoir qu’il y avait beaucoup trop de silences, lesquels alourdissaient beaucoup trop le talent des danseurs. Notons également une légère négligence au niveau de la luminosité, qui aurait pu offrir un certain cachet encore plus captivant si elle avait été mieux adapté au spectacle.

Hélas!, ce n’est pas tant le malaise du corps svelte comme une mannequin et  entièrement nu qui a choqué, on en a vu d’autres. C’est le prolongement du mystère qui, depuis le départ, n’en était pas un, et l’absence de contexte qui laissait l’amateur de danse sur sa faim, trop longtemps dans un état perplexe injustifié. Il est évident que la destruction de la planète hante le nouveau projet de Lemi Ponifasio, lui qui avait présenté le même style de danse traditionnelle de la Nouvelle-Zélande avec Tempest: Without a Body en 2011. Les visages asiatiques sérieux des danseurs et leurs gestes gracieux sont la clé du spectacle et nous hypnotisent réellement à notre insu. On s’y méprend assez vite et on constate d’emblée qu’il y a une beauté dépaysante dans ces gestes précis et zen d’une culture bien loin de l’Amérique.

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