Betty Bonifassi lance son premier album au Cabaret du Mile End – Bible urbaine

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Betty Bonifassi lance son premier album au Cabaret du Mile End

Betty Bonifassi lance son premier album au Cabaret du Mile End

Un album concept qui fait danser les esclaves

Publié le 23 septembre 2014 par Véronique Tétreault

Crédit photo : François Nadeau

Betty Bonifassi a rempli le Cabaret du Mile End ce lundi soir lors du lancement de son album homonyme. Pour son premier effort solo, la chanteuse n’a pas manqué d’ambition et y est allée d’un album concept célébrant les chants d’esclaves du sud des États-Unis datant des années 1920.

Le public a retrouvé avec plaisir lundi soir cette grande voix, chaude et puissante, qui n’a besoin de s’entourer d’aucun artifice pour charmer nos oreilles. C’est d’ailleurs sans aucun artifice que Betty s’est présentée sur scène, lançant le spectacle avec une «Prettiest Train» a cappella, dévoilant en force les intonations blues et soul de sa voix.

Bien plus que la musique d’un peuple opprimé, Betty Bonifassi présente un répertoire festif, qui, selon ses mots, «est un hommage à la force de résilience, à la dignité et à la beauté des esclaves africains déportés en Amérique».

Betty Bonifassi réinvente le chant d’esclaves, propulsé à grands coups de mélange des styles dans la modernité. À travers la réinterprétation de Betty, l’esclave n’est désormais rattaché à son champ de coton qu’à l’aide d’une chaîne dont la chanteuse exploite par-ci par-là les sonorités métalliques.

Avec les claviers polyvalents d’Alex Mac Mahon, la basse lourde de Jean-François Lemieux et la batterie aux rythmes africains de Benjamin Vigneault, Betty Bonifassi a assaisonné ses afro-american prisoners’ songs d’une bonne dose de rock, d’électro et de funk.

On retrouve dans le lot une Black Betty que la chanteuse s’est complètement appropriée et qui étonne avec ses claviers qui penchent du côté des années 80. La très accrocheuse «Let Your Hammer Ring» vacille entre deux époques, avec une intro où le clavier se la joue saloon avant de faire place à un groove énergique. Couronnée d’une boucle entraînante, «Grizzly Bear» flirte quant à elle avec la pop.

L’ensemble est dansant et invite à la fête bien plus qu’à l’apitoiement. Il n’y a peut-être que sur «Let Your Hammer Ring» que l’on ressent à un certain moment la lourdeur de la vie d’esclave, avec des rythmes calculés et métalliques suggérant des coups de marteau.

Question de compléter l’opération modernisation, Betty Bonifassi a demandé à une certaine Zoé de lui écrire une chanson sur l’esclavage moderne. C’est la chanson «How Does it Feel» qui en a résulté et qui s’intègre sans mal à l’ensemble.

Créés à l’origine pour soutenir la cadence insoutenable du travail, les chants d’esclaves comme Betty Bonifassi les proposent, dans toute leur fougue et leur puissance, présentent un monde dans lequel les esclaves semblent libérés de toute entrave et prêts à danser toute la nuit.

L’album homonyme est disponible en magasin dès le 23 septembre. Une tournée est prévue pour 2015, les dates seront annoncées prochainement. Visitez le bettybonifassi.com pour plus de détails.

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Prettiest Train

2. No More My Lawrd

3. No Coffee

4. Whoa Buck

5. Black Betty

6. Let your Hammer Ring

7. Early in the Morning

8. Working Down

9. Cotton

10. How Does it Feel

11. Berta Berta

12. Grizzly Bear

13. Go Down Old Hannah

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