SortiesExpositions
Crédit photo : Musée des Beaux-Arts de Montréal, The Trustees of the British Museum
Après des mois à admirer les affiches de l’exposition dans les couloirs du métro, j’ai sauté le pas. Comme beaucoup, je suis irrésistiblement attirée par les mystères de l’Égypte antique. En 2010, j’étais allée à Québec voir une grande exposition sur les momies; j’étais donc curieuse de découvrir ce que le Musée des Beaux-Arts allait nous proposer.
L’exposition Momies égyptiennes met en valeur des artefacts, des momies et des vidéos prêtées par le British Museum dont deux conservateurs ont assuré le commissariat. Le Musée des Beaux-Arts a développé sa propre scénographie.
Les vies du passé
L’ambition de l’exposition est de faire découvrir au public la vie quotidienne de l’Égypte antique en suivant les parcours de six personnes qui ont vécu entre l’an 900 avant l’ère commune et la fin du deuxième siècle de notre ère.
Par exemple, la momie et les sarcophages de Nestaoudjat, une femme de Thèbes décédée vers l’an -700, introduisent les visiteurs à l’art de l’embaumement et aux rituels mortuaires de la période. Plus loin, la salle dédiée à la momie d’une prêtresse et chanteuse anonyme de Karnak expose artefacts et informations sur la musique égyptienne, les cosmétiques et les parures.
D’autres espaces sont consacrés à des thèmes aussi divers que la vie familiale, la religion, le régime alimentaire, ou encore la santé (on apprend que les Égyptiens avaient de sérieux problèmes de dents!)
L’exposition embrasse une multitude de sujets traversant la vie quotidienne des Égyptiens et Égyptiennes de l’Antiquité. Elle présente de nombreux artefacts à l’état de conservation exceptionnel qui confèrent une dimension concrète, sensible et parfois émouvante à la visite.
On peut, par exemple, voir des bols pleins de nourriture et des pains trouvés dans un tombeau plurimillénaire. On s’arrête devant des jouets d’enfant, de splendides bracelets, ou encore des sandales. Des maquettes et figurines en bois peint, elles aussi vieilles de dizaines de siècles, lèvent le voile sur des moments de vie.
Les nouvelles technologies au service des momies
Les sarcophages richement décorés et leurs occupants sont des pièces maîtresses de l’exposition. Le traitement technologique qui leur est réservé est au cœur de Momies égyptiennes. Au British Museum, les momies ont été passées au CT scan (tomodensitométrie) pour en retirer des images en trois dimensions du corps et des artefacts dissimulés sous les bandelettes.
Dans chaque salle, un écran projette une vidéo montrant les résultats des scans, accompagnés de courts commentaires. Les vidéos révèlent ainsi les «secrets» des momies — allant de leur état de santé à leur âge, des techniques d’embaumement aux statuettes posées sur leur corps.
Ces vidéos sont instructives et assez brèves pour capter et garder l’attention des visiteurs. Le recours systématique à l’imagerie 3D s’est révélé un peu répétitif à mon goût après plusieurs itérations. Il octroie cependant une certaine modernité à l’exposition et permet à ses commissaires d’en souligner l’originalité.
En 2009-2010, l’exposition Fascinantes momies d’Égypte du Musée de la Civilisation à Québec restituait à grand renfort d’annonces l’analyse scanner 3D d’une momie exposée. Il s’agissait alors d’une technique récente et moins développée qu’aujourd’hui. Dix ans plus tard, l’imagerie 3D est complètement intégrée à la scénographie de l’exposition du Musée des Beaux-Arts.
Une exposition aux accents immersifs
L’exposition offre une entrée en matière immersive. Les visiteurs entrent par une antichambre aux lumières tamisées. Sur les murs sont projetées des images des rives du Nil, le sol est recouvert d’eau (virtuelle) dont on entend le clapotis. Dans une vitrine centrale trône une splendide maquette de barque funéraire en bois peint. On passe ensuite dans un couloir au sol craquelé (attention aux insectes!) pour déboucher dans la première salle, consacrée à l’embaumement.
L’arrivée des visiteurs est donc réussie: on plonge immédiatement dans le thème de l’exposition, c’est un voyage vers le passé. Mais cette approche semble par la suite avoir été abandonnée. On trouve bien le mur d’un temple marquant la transition vers la vie religieuse et de la musique dans la salle consacrée à la chanteuse d’Amon, mais la majorité des salles sont de facture très classique.
Certaines ambiances sonores auraient peut-être pu être empruntées à Ubisoft, partenaire de l’exposition, et qui propose à l’accueil de l’exposition un jeu éducatif inspiré d’Assassin’s Creed Origins qui se déroule en Égypte antique. Autre «à-côté» interactif de l’exposition, une série de tablettes sur lesquelles on découvre un projet de recherche mené par l’UQAM.
Momies égyptiennes est sans réserve une exposition à voir cet hiver. Elle permet de faire découvrir différentes facettes de la vie quotidienne en Égypte, racontée par des hommes, des femmes et un jeune enfant qui y vivaient et qui y furent embaumés. Le storytelling est efficace et soutenu par de magnifiques objets.
L’exposition a également le mérite de mettre en lumière le travail des historiens, des archéologues et des bioarchéologues, qui étudient les momies et les objets retrouvés dans leurs tombeaux.
Si la mise en scène aurait peut-être gagné à développer davantage son habillage sonore, l’exposition est une belle réussite. Puisqu’elle a été prolongée jusqu’au 29 mars 2020, allez donc y faire un tour!
L'expo «Momies égyptiennes: passé retrouvé, mystères dévoilés» en images
Par Musée des Beaux-Arts de Montréal, The Trustees of the British Museum
L'avis
de la rédaction