Le ballet «Coppélia» à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts – Bible urbaine

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Le ballet «Coppélia» à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

Le ballet «Coppélia» à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

Flou artistique

Publié le 19 février 2016 par Elise Lagacé

Crédit photo : Grands Ballets Canadiens de Montréal

La ville de Shenzhen est à l’honneur pour l’édition 2016 du festival Montréal en lumière, et c’est fort opportunément que les Grands Ballets Canadiens nous proposent de faire la découverte du Ballet de Shanghaï. La première danseuse, l’exquise Fan Xiaofeng, dans le rôle de Swanilda, valait à elle seule le déplacement, hier soir, pour la première de Coppélia à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Très légitimement reconnu pour ses extraordinaires solistes, ce «jeune» ballet, qui compte un nombre plus que respectable de danseurs (70!), nous offrait un spectacle fidèle de la plus pure tradition du ballet classique. Le Ballet de Shanghaï s’est, en effet, bâti une réputation par ses ballets classiques aux frontières du genre, comme La Fille aux cheveux blancs et A Sign of Love.

Nous étions donc très enthousiasmés d’aller à la rencontre de cette troupe qui nous était inconnue. Mais le très académique Coppélia nous a été offert avec une exécution plutôt atone et désorganisée de la part du corps de ballet à la plastique autrement impeccable. Une première rencontre dont on garde un souvenir tiède, car la rigueur unanimement appréciée chez cette troupe de renommée mondiale n’était pas au rendez-vous jeudi soir. Heureusement, cela ne nous a pas empêchés de passer une agréable soirée, en délicieuse compagnie, celle des premiers danseurs.

Le livret de Coppélia a été écrit en 1870 par Arthur de Saint-Léon, lequel s’est inspiré du Marchand de sable d’Hoffman, et la chorégraphie que l’on a pu apprécier était celle de Pierre Lacotte qui, en 1973, avait rigoureusement réadapté l’originale de Saint-Léon. Ballet ultra classique en trois actes, on y raconte l’histoire de Swanilda, dont le fiancé Frantz s’éprend d’une silhouette aperçue à la fenêtre de la grande place de leur village. Mais la figure n’est en fait qu’une marionnette créée par Coppélius et, pour donner une leçon à son fiancé infidèle, Swanilda se substituera à la sublime poupée. Le fiancé se repent à l’acte 2, et le mariage aura lieu comme prévu à l’acte 3.

La ligne du récit est mince, comme dans bien des ballets, mais il s’agit d’un tout charmant qui fait la part belle à la première danseuse, ce qui est l’une des particularités de Coppélia. Il s’agit également d’une excellente incursion pour les néophytes et pour les enfants, qui se familiariseront avec cet univers très codifié, grâce à un ensemble joyeusement naïf et assez coloré. Attention pour les plus jeunes: le spectacle dure deux heures et il faut y ajouter deux entractes.

Le ballet classique est une discipline féroce et l’on ne peut ressentir qu’admiration devant la grande virtuosité des artistes qui vouent leur existence à l’atteinte du parfait coup de pied. Le drame de cet art est le gouffre de la perfection où l’on s’abîme si facilement. Comme hier soir, alors que les battements manquaient de vigueur, que les numéros d’ensemble paraissaient désarticulés et même amorphes.

À ces moments, le chef d’orchestre, une splendeur que cet Oleksiy Baklan, déployait plus d’énergie que les quarante danseurs qui s’égayaient tant bien dans la Mazurka lourde et sans entrain aux jeux de pieds brouillons.

Le deuxième acte, dépouillé de cette grandiloquence pataude, s’est offert avec humour et nous a permis d’encore plus apprécier Coppelius (Zhong Min), comique et juste, entrevu à l’acte 1. Puis l’acte 3 a, bien entendu, vu revenir les numéros d’ensemble auxquels se sont joints les très attendus pas de deux. Ici, les fiancées solistes ressortaient du lot comme Swanilda, mais le manque de puissance des danseurs était flagrant.

Que s’est-il donc passé pour que cette première nous fasse l’effet d’une deuxième générale consécutive exécutée par des danseurs exténués? Heureusement, à la fin de la représentation où une partie du public se levait dès le début des applaudissements, et non pour une ovation, il ne subsistait aucun doute sur l’immense talent que l’on avait pu voir sur scène ce soir-là.

Alors, le Ballet de Shanghai, oui, absolument, on aimerait le revoir, justement pour apprécier en live l’extraordinaire beauté des numéros d’ensemble que, pour le moment, on se contente de savourer sur YouTube. Ce n’est pas le choix qui manque, leur répertoire est impressionnant, comme La Fille aux cheveux blancs et A Sign of Love, mais aussi ce Lac des cygnes de Derek Deane, amplifié (48 cygnes au lieu de 16), ou encore le Jane Eyre de Patrick de Bana, dans un registre plus contemporain. Cela dit, rappelons-le, la splendide performance de Fan Xiaofeng vaut à elle seule le détour pour ce qui est de Coppélia.

Les 20 et le 21 février prochains, les Grands Ballets Canadiens proposent des représentations en après-midi, ce qui est parfait pour une séance d’initiation au ballet pour les enfants.

«Coppélia» du Ballet de Shanghai, d’après une musique de Léo Delibes, est présentée du 18 au 21 février 2016 à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

L'événement en photos

Par Grands Ballets Canadiens de Montréal

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