Animer le musée – Bible urbaine

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Animer le musée

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«Image X Image» au Musée de la civilisation de Québec

Publié le 4 juin 2014 par Annabelle Moreau

Crédit photo : Jessy Bernier

Pour son 75e anniversaire, l’ONF mise sur le cinéma d’animation pour faire son entrée au musée. L’exposition Image X Image est présentée dès aujourd’hui au Musée de la civilisation à Québec. Quand le cinéma d’animation s’anime.

«Vous serez obligés de revenir, il est impossible de tout voir en une seule visite», lance en riant Michel Côté, directeur général des Musées de la civilisation lors du dévoilement mardi. Il est vrai que l’exposition créée pour célébrer le 75e anniversaire de l’ONF et le 100e anniversaire de naissance de Norman McLaren, pionner de l’animation de l’organe cinématographique national, ne fait pas dans la demi-mesure: quelques 250 films et extraits de films d’animation, 150 artefacts et un parcours interactif passionnant.

McLaren a hanté les couloirs des studios d’animation de l’ONF pendant 42 ans – entre 1941 et 1983 –, et à l’entrée de l’exposition, les visiteurs pourront contempler ses pantoufles en cuir et son tabouret fétiches, aux côtés de la chaise que bravait Claude Jutras dans Il était une chaise (1957) ou la fragile fleur de papier orangée, coeur de la discorde sanglante entre deux hommes dans Voisins (1952), film qui a remporté un Oscar la même année. La précise statuette remise à McLaren est également présentée.

Fort d’un exceptionnel rayonnement à l’international, de nombreux prix, notamment sept Oscars, quatre Palme du court métrage à Cannes et deux Ours d’or, mais aussi à cause de la grande variété des types d’histoires et de discours, mais aussi des esthétiques plurielles, c’est le créneau de l’animation qui a été privilégiée pour valoriser l’immensité des archives de l’ONF, explique M. Côté.

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Téléviseur modifié
«L’affaire Bronswik», Robert Awad et André Leduc, 1978
Photos: Jessy Bernier, Perspective.

«J’avais les larmes aux yeux en voyant vos films», écrit en 1973 François Truffaut à McLaren. La lettre manuscrite du réalisateur de Jules et Jim et de La nuit américaine a sa place dans l’introduction de l’exposition sur les débuts du cinéma d’animation. S’ensuit une traversée exceptionnelle répartie en cinq univers de création: le récit social, l’humour, le musical, l’imaginaire et l’expérimental.

Chaque «univers» possède son propre décor intimiste, comme autant de plongées au coeur de l’animation, ses propres artefacts – maquettes (comme celle de Dehors novembre de Patrick Bouchard), croquis, figures, objets techniques (une ingénieuse machine à vent ou une autre destinée à reproduire les pas) –, et son espace de visionnement. Cette organisation intelligente de l’espace permet de se frotter avec la lenteur nécessaire pour saisir toute la subtilité, mais aussi l’ampleur des détails techniques inhérents à la production d’un film d’animation. En fin de parcours, une grande salle de visionnement pour (re)découvrir les films oscarisés, Voisins de McLaren, Ryan de Chris Landreth, Le poète danois  de Torill Kove, ou encore le drôlissime L’anniversaire de Bob de David Fine et Alison Snowden.

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Aperçu de la zone «Raconter». Photo: Jessy Bernier, Perspective.

Interactivité, interactivité, interactivité

Les créateurs de l’exposition ont judicieusement misé sur l’interactivité avec le public pour mettre en valeur les trésors que contiennent leurs entrepôts et les techniques uniques mises au point par l’ONF. Ainsi, un laboratoire est mis à disposition des visiteurs qui pourront créer leurs propres films d’animation grâce à différentes techniques, l’image par image, en volume, à plat, le zootrope, et leurs créations seront mises en ligne en direct sur YouTube et visibles par les autres apprentis créateurs.

Une application a aussi été mise au point – des iPod sont en prêt à l’entrée de l’exposition – afin de personnaliser encore plus la visite. On peut voter pour les films que l’on veut voir dans chaque espace de projection, les ajouter à ses favoris, ou les sélectionner pour un visionnement ultérieur à la maison. Tout est pensé pour maximiser et prolonger l’expérience d’immersion dans l’animation, le site de l’ONF étant déjà un relais extraordinaire, avec plus de 2000 films, extraits, oeuvres interactives disponibles en tout temps.

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Dans le Studio, des cinéastes en résidence travailleront en direct sous les yeux des visiteurs. Photos: Jessy Bernier, Perspective.

Mais ce n’est pas tout. Tout au long de l’exposition qui se poursuit jusqu’au 23 août 2015, des cinéastes, qualifiés d’ «artefacts vivants», travailleront sous les yeux des visiteurs. Dans une étrange «cage de verre» spécialement aménagée pour eux, sept créateurs se prêteront au jeu du travail en direct. Francis Desharnais est le premier, mais il sera suivi par Janet Pearlman (août 2014), Théodore Ushev (novembre 2014), Sylvie Troué et Dale Hayward (mars 2015), de Claude Cloutier (juin 2015), et enfin de Patrick Bouchard pour les dernières semaines de l’exposition. À suivre, donc.

Image X Image est un hommage fascisant aux prouesses des studios d’animation de l’ONF, une plongée sensorielle et interactive qui montre tout le talent et le génie que l’organisme a su cultiver en 75 ans. À voir et à revoir.

«Image X image: Le cinéma d’animation à l’ONF»
Une exposition présentée au Musée de la civilisation
À Québec, du 4 juin 2014 au 23 août 2015

*Le voyage à Québec a été possible grâce au Musée de la civilisation.

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