«Adrian Paci: Vies en transit» au Musée d'art contemporain – Bible urbaine

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«Adrian Paci: Vies en transit» au Musée d’art contemporain

«Adrian Paci: Vies en transit» au Musée d’art contemporain

Captiver par un univers esthétique singulier

Publié le 6 février 2014 par David Bigonnesse

Crédit photo : Musée d’art contemporain de Montréal

Les diverses expressions plastiques, vidéographiques et sculpturales d’un artiste permettent de voir sous plusieurs angles sa manière de composer le discours. Et force est de constater que la présentation de plusieurs œuvres réalisées par Adrian Paci, dans le cadre de l’exposition Adrian Paci: Vies en transit au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), est fort bien réussie.

Dès son entrée dans l’espace muséal consacré à la production artistique de l’artiste d’origine albanaise Adrian Paci, le regardeur se trouve captivé par cet immense écran au fond de la pièce qui diffuse une œuvre datant de 2011, intitulée The Encounter. Cette performance filmée, qui a lieu sur le parvis de l’église San Bartolomeo de Sicile (Italie), montre Paci qui sert la main à des personnes qui, par centaines, défilent dans le seul but de faire ce geste devenu presque banal pour tous. Pourtant, l’effet de répétition, du quotidien, et du rituel, donne le ton aux thèmes abordés dans l’exposition: l’identité culturelle comme personnelle, le passage, la métamorphose sociale, les liens, etc.

Ces thèmes traversent toute son œuvre, comme en témoignent les créations réalisées par l’artiste depuis la fin des années 1990 présentées dans Adrian Paci: Vies en transit. En passant à la deuxième salle, il est justement possible de voir ces thématiques déclinées à travers diverses représentations. L’écran, élément devenu incontournable pour une exposition au XXIe siècle, se retrouve aussi dans cette grande pièce, mais multiplié par quatre et plutôt incrusté au mur cette fois-ci, en format plus petit (une installation titrée The Visitors, 2011).

Même si cette installation vidéo à quatre canaux intrigue par ses références sociales et cérémoniales difficilement décodables, ce sont davantage les œuvres sculpturales Home to Go (2001) ainsi que Facade (2007) qui expliquent l’intérêt des amateurs et spécialistes d’art pour la vision esthétique d’Adrian Paci. En fait, la première, réalisée à l’aide de plâtre, poussière de marbre, tuiles et corde, évoque instantanément le poids du lourd passé, des souvenirs, de l’identité culturelle qui nous colle à la peau, impossible à renier. Home to Go (2001) est une sculpture qui représente l’artiste lui-même peu vêtu, avec un fragment de toiture qui pèse et fait courber le dos. Étrangement, lors du premier contact visuel et spatial avec l’œuvre, on imagine tout de suite le boulet historique et personnel d’une personne, n’importe laquelle, alors que la représentation physique pourrait être prise au premier degré. C’est d’ailleurs une des créations qui a contribué à la propulsion de l’artiste sur la scène de l’art à l’international.

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Quant à Facade (2007), œuvre épousant la forme exacte d’un mur, en plâtre, ciment et briques, et appuyée par des billots de bois, imposante au centre de la pièce, alors qu’elle illustre des scènes évoquant les étapes obligées l’étape transitoire d’un événement encore actuel, le mariage. Cette façon de disposer les scènes fait référence directement à la séquence dans l’univers cinématographique. Normal, puisque comme l’indique la première phrase du cartel de cette création, «Adrian Paci dit qu’il conçoit la peinture comme une forme primitive du cinéma.»

La dernière grande salle accueillant les réalisations de l’artiste, qui a quitté avec sa famille l’Europe de l’Est après que le régime communiste se soit effondré, plonge le spectateur dans le noir, car seuls les écrans, de toutes sortes et de toutes grandeurs, éclairent la pièce. Bien que présents un peu partout dans l’avant dernière salle, les projecteurs et vidéos sont disposés de manière à faire bien circuler le public du musée et à pouvoir ainsi s’immerger dans les images de Paci.

Au final, The Column (2013), une œuvre vidéo créée pour l’exposition du MAC, présentée comme une des pièces importantes de l’expo, ne fascine pas autant que désiré. Il s’agit d’une documentation filmée de ce que l’on appelle un «navire-usine» sur lequel cinq artisans partis de Chine en mer doivent transformer un immense bloc de marbre en colonne lorsque la destination finale poindra à l’horizon. Le concept à la base s’avère intéressant, mais le tout ne rend pas justice à l’idéation.

The-Column-2-Adrian-Paci-Vies-en-transit-2014-MAC-Montreal-Critique-Bible-urbaine

L’univers esthétique du créateur – matériaux utilisés et variété des formes d’expression – exposé grâce à la coproduction du MAC, du Jeu de Paume à Paris ainsi que du PAC – Padiglione d’Arte Contemporanea à Milan offre aux regardeurs une expérience fort prenante, alors que sur le plan de la thématique, la difficulté générale réside dans sa dure interpellation individuelle.

L’exposition «Adrian Paci: Vies en transit» est présentée au Musée d’art contemporain de Montréal du 6 février au 27 avril 2014. Heures d’ouverture: du mardi au dimanche de 11h à 18h ainsi que le mercredi de 11h à 21h. Le public est invité à assister à une rencontre entre la commissaire invitée Marie Fraser avec l’artiste Adrian Paci le jeudi 6 février à 16h. En anglais. Pour le prix d’entrée et autres informations, veuillez consulter le macm.org.

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