Sorties
Crédit photo : Charline Provost
1- D’où est née ta passion pour la photographie et qu’utilises-tu comme équipement?
«J’ai toujours aimé la photographie. C’est cliché et c’est prévisible comme réponse, mais c’est vrai! J’ai commencé à faire de la photo (plus sérieusement, admettons: 35mm en noir et blanc) à la fin de mon secondaire, c’est à dire vers 2002. J’ai ensuite entrepris une technique en photographie au Cégep du Vieux-Montréal. J’y ai commencé mes études en argentique (donc caméra à film) et j’ai terminé ça en numérique. C’était le commencement d’une nouvelle ère, mais également la fin d’une autre. C’est bizarre un peu d’expliquer ça aux étudiants actuels. J’ai toujours été attiré par les portraits: j’aime le contact avec les gens.»
«Comme équipement, j’ai été longtemps avec une Canon, mais je suis revenue à Nikon. On appelle affectueusement ma caméra la «Hypster Cam», parce qu’elle a look un peu rétro en plus d’avoir une courroie avec des loups. Pour ce qui est des objectifs: un must pour la photo de spectacle c’est d’avoir une 24-70 mm f2.8 et une 70-200 f2.8.»
2- Quand as-tu commencé ta collaboration à la Bible urbaine et qu’est-ce que cette aventure t’a permis de réaliser?
«Mon premier show avec Bible urbaine était le 3 mars 2013; c’était Deftones au Métropolis. Si je devais décrire comment je me sentais à ce spectacle-là, les seuls mots que je pourrais dire c’est: «Ahhhh, j’capote…!» D’ailleurs, j’ai toujours gardé ce «Ahhhh, j’capote…!». L’’énergie du pit est toujours super intense, c’est vraiment chaque fois un bon moment. C’est top de pouvoir vivre les trois premières chansons d’un show collé à la scène, de sentir la basse dans ses tripes et de courir à gauche et à droite pour faire un bon travail (en plus de chanter derrière sa caméra, tsé!)».
«Bible urbaine m’a permis de photographier de nombreux spectacles de groupe que j’adore, mais aussi de sortir de ma zone de confort, me permettant du même coup de connaître de nouveaux groupes.»
3- Fais-toi aller la mémoire et raconte-nous une anecdote croustillante qui te rappelle une séance photo dont tu te souviendras bien longtemps.
«Pour les photos de show… il y a le dernier concert de Gwar… En fait, juste d’aller voir un spectacle de Gwar c’est une anecdote en soit! Le groupe est originaire des États-Unis et, en résumé, c’est de l’horreur, des costumes super intenses, des scies à chaînes et beaucoup, beaucoup de sang! Je me suis donc présentée dans le pit avec deux chandails à capuchons, un gros sarrau et finalement un sac à poubelle comme puncho. Ma caméra et mes objectifs étaient aussi dans de nombreux sacs plastiques: la grande classe. La prestation était super! J’ai eu du «sang» partout et les mains tachées jusqu’au lendemain: même encore aujourd’hui, je retrouve des fois un peu de couleur rouge quand je nettoie les filtres de mes objectifs.»
«Pour ce qui est du côté médical (voir question #4), si j’avais une anecdote à raconter c’est bien lors d’une salle d’opération en orthopédie. Quand on va en salle d’opération, on est toujours en tenue de bloc (chandail et pantalon spécifiques d’une belle couleur verte), petit casque pour les cheveux et un masque. De plus, on ne doit pas toucher à rien: tout est stérilisé (les outils, les tables et même les médecins!) On se lave les mains, on désinfecte nos caméras et, hop!, on commence notre travail.»
«Ce matin-là, j’avais à prendre plusieurs vis au fond d’un genou. Le patient était grand, et la table d’opération, quand même haute. J’étais donc debout sur un petit banc et penchée au-dessus du patient. Le médecin (légèrement demandant) ne trouvait pas mes photos assez en plongée: je me suis donc penché plus… et, qui dit penché plus dit perte d’équilibre. Je me voyais déjà mettre la main directement dans le genou tout ouvert! Une chance que le médecin (que je ne devais pas toucher, youpsy!) se trouvait juste à côté, car j’ai pu l’attraper juste à temps. J’ai continué la salle d’opération avec le chandail tiré par une infirmière pour être certain que je ne retombe pas. Depuis ce temps-là, les gens le savent et doivent toujours me tenir par le chandail… c’est un peu honteux!»
4- À part prendre des photos lors d’évènements culturels, qu’est-ce qui te motive le plus en termes de projets en parallèle?
«À part Bible urbaine, j’ai un travail comme photographe médical, mais je me suis plus ou moins récemment spécialisée en ophtalmologie. En gros, je prends en photo des yeux (la rétine, le nerf optique, la macula, les iris, la cornée) en plus d’effectuer plusieurs tests sur différentes machines. C’est un travail qui est un peu à l’opposé des photos de show, mais ça ne l’empêche pas d’être un travail le fun et valorisant. J’ai toujours aimé la biologie, apprendre de nouvelles choses et être précise, alors je suis comblée!»
«Je fais aussi beaucoup de contrats personnels pour des compagnies québécoises (mode, musique, petites entreprises, etc.). Mon travail de photographe m’amène à différents endroits vivre de différentes choses: rarement une journée ou un contrat n’est semblable et j’adore ça!»
5- Dans un monde idéal, si tu pouvais réaliser le projet créatif le plus éclaté possible, quel serait-il? Soyons fous!
«O.k., soyons fous: je deviens photographe officiel d’un groupe que j’aime: boom! Ça, ça serait le rêve ultime. Partir en tournée, avoir carte blanche et suivre un groupe. Exactement comme le photographe Robb Fenn avec Rob Zombie. Son travail est merveilleux et l’ambiance de travail a l’air super. Comme je suis un peu chochotte, je pourrais partir, admettons par tranche d’un à deux mois, et voyager partout, puis revenir chez moi. Relaxer et recommencer pour finalement faire un livre avec mes meilleures photos!»
«Pour l’instant, je me concentre un peu plus sur mes projets personnels, dont la collection d’hiver de Slak à shooter dans quelques semaines et le projet des 100 guitares présenté au Complexe Desjardins et au Gesù à la fin de l’hiver… légèrement plus réaliste, mais c’est permis de rêver, hahaha!»