SortiesDanse
Crédit photo : Fan Xi
Spirale sans fin
Un éclairage sombre, flou, dévoile le mouvement ondulatoire des danseurs. On ne sait pas tout à fait comment le tout a commencé, ce qui a provoqué leur danse, mais à partir du moment où la lumière s’intensifie suffisamment pour que les silhouettes soient claires, les interprètes sont épris d’une sorte de transe et ne cessent pas de bouger. La gestuelle, basée sur la mobilité de la colonne vertébrale, crée une impression de vague sans fin qui parcourt le corps des danseurs.
Ces derniers répètent une même séquence sans arrêt, mutant dans différentes orientations et endroits dans l’espace de façon imprévisible. Sans nécessairement pouvoir identifier le début ou la fin du phrasé, certaines choses se répètent et s’accumulent dans une sorte de tourbillon infini.
Les interprètes envoûtent et emportent le spectateur dans l’univers de leur danse, qui ne raconte rien de plus que ce qu’elle est; l’achèvement d’une recherche portant sur un travail articulaire fluide, souple et surprenant.
L’homogène hétérogène
Un net changement de ton s’opère avec 9, alors que le rideau s’ouvre sur une scène lumineuse, un tapis blanc et des corps dispersés dans l’espace. Chacun entame sa propre danse, un enchaînement répondant à la gravité, suivant le momentum créé par le mouvement, une sorte de rebondissement constant vers la prochaine action. Ces éléments, propres aux techniques d’entraînement de Tao Ye, déclenchent une fluctuation d’énergie aussi agitée qu’organisée, de par la nature logique de la progression gestuelle.
Tao Ye nous fait assister à la cohabitation de neuf chorégraphies dans un même espace, une isochronie alliant ordre et chaos. Toutefois, le chaos n’est pas lassant ou angoissant; il est doux, élastique, et nous fait voguer d’un interprète à l’autre dans des transitions agiles allant du sol à la verticalité.
Parfois, certaines actions unissent les danseurs un bref instant, saisissant le regard, renouvelant notre perception de ce qui se passe sur scène. Un tout organique, à la fois dépareillé et organisé, montre une habile recherche sur la dualité entre ordre et désordre et comment, dans les deux cas, ces pôles peuvent se construire.
En bref
6 & 9 est une soirée riche en mouvements. On y apprécie la complexité du vocabulaire gestuel et son côté méditatif aussi bien que les magnifiques déploiements d’énergie des danseurs. Les deux œuvres sauront combler un désir de voir bouger, allant de textures apaisantes à d’autres, plus dynamiques, mais tout aussi enivrantes les unes que les autres.
On y plonge dans un monde où l’action prend le dessus sur le temps, où la danse hypnotise et où le corps devient noyau du spectacle.
«6 & 9» est en représentation les 24 et 25 mai auTthéâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts.
L'événement en photos
Par Fan Xi, Marco Feklistoff et Andreas Nilsson
L'avis
de la rédaction