Sorties
Crédit photo : Michel Couvrette
«J’ai perdu ma virginité sur la chanson Je suis cool de Gilles Valiquette: j’ai une bonne confiance», a lancé l’animateur de la soirée, Louis-José Houde, s’avouant un peu nerveux. L’humoriste s’est adressé aux musiciens: «Vous rentrez dans nos têtes, dans notre cœur dans nos tripes. L’humour rentre dans les salons, mais la musique rentre dans les chambres à coucher.»
Le numéro d’ouverture rassemblant Lisa LeBlanc, Patrice Michaud et Brigitte Boisjoli s’est terminé avec la pièce «On leur a fait croire» d’Alex Nevsky et un solo bien senti de clavier-guitare de Louis-Josée Houde. Déhanchements comiques et camaraderie étaient au rendez-vous alors que tous entonnaient les «papapa».
Le premier Félix de la soirée a été remis à Serge Fiori, pour la catégorie Album de l’année – Adulte contemporain. Le leader d’Harmonium, de retour après 40 ans, s’est dit touché par la réponse des fans. Son album Serge Fiori a aussi remporté le prix de meilleur vendeur lors de l’Autre Gala mercredi dernier. Louis-Jean Cormier, qui a présenté le prix, a rappelé celui à qui le gala et ses trophées empruntent le nom: «Sans Félix Leclerc, la chanson québécoise aurait des racines pas mal plus courtes.»
Le Félix du Spectacle de l’année-interprète est allé à la production Le Chant de Sainte Carmen de la Main. La grande équipe de comédiens est montée sur scène chapeautée par le metteur en scène René Richard Cyr.
Patrice Michaud a raflé le trophée dans la catégorie Album de l’année – folk. Ce sont les gagnantes de l’année dernière, Les sœurs Boulay, qui ont présenté la catégorie.
Comme à l’habitude, les nommés dans la catégorie Révélation de l’année ont été réunis dans un numéro qui s’est ouvert sur les prestations d’Émile Proulx-Cloutier et Klô Pelgag au piano et à l’orgue respectivement. Valérie Carpentier, Sally folk et Les Hay Babies leur ont succédé tour à tour. Pelgag est repartie avec le trophée: «Je remercie mes parents d’avoir fait l’amour».
L’ADISQ a rendu hommage à Michel Louvain pour ses 57 années de carrière. «Je veux continuer de chanter pour vous, aussi longtemps que je serai digne de le faire», a lancé le grand chanteur populaire québécois. Jean-François Brault, Mario Pelchat et Maxime Landry ont interprété quelques-uns de ses classiques, terminant sur «La dame en bleu».
Les Sœurs Boulay sont reparties avec le grand prix de Groupe de l’année. Il y a tout juste un an, le duo avait remporté le prix de Révélation de l’année: un grand pas franchi en si peu de temps. Les sœurs se sont dites reconnaissantes, mais ont avoué «avoir la chienne» pour la suite. Elles ont rappelé, très lucides, que le succès d’un artiste ne se mesure pas à son nombre de trophées, mais bien à la longévité de sa carrière.
Le Félix de l’Auteur ou compositeur de l’année est allé à Philippe B. Un prix hautement mérité pour l’artiste originaire de l’Abitibi, qui se considère comme un fabricant de chansons.
En prestation, Vincent Vallières a fait équipe avec Misteur Valaire et Louis-José Houde, qui s’est donné aux tamtams. Angèle Dubeau et Koriass ont allié violons et rap. Les jeunes prodiges de Half Moon Run ont performé leur classique «Call Me in the Afternoon» devant une foule comblée, qui s’est levée pour les acclamer.
Pierre Lapointe a remporté le Félix du Spectacle de l’année. Celui qui met la barre toujours plus haute, qui expérimente et qui se donne chaque fois comme devoir et mission de surprendre le public a certainement le sens du spectacle.
Alex Nevsky et Marie Mai ont été sacrés interprètes masculin et féminin de l’année. Marie-Mai avait remporté le même prix en 2010, 2011 et 2013. C’est Cœur de Pirate qui lui avait dérobé le Félix en 2012.
Alex Nevsky est finalement retourné sur la scène une troisième fois pour recevoir le prix de la chanson de l’année pour son hit «On leur a fait croire». Entouré de ses acolytes, Alex McMahon, réalisateur de l’album Himalaya mon amour et Gabriel Gratton, musicien et co-auteur, le lauréat était sans mot et tout sourire.
Le public et l’industrie ont eu droit à une soirée sous le signe du renouveau. Il s’agit d’un réel rafraîchissement dans un contexte où le milieu de la musique québécois subit de grandes pressions. Comme l’a rappelé René Richard Cyr: «Le Québec a le droit d’exister et c’est aux artistes de le démontrer».