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Crédit photo : www.matadorrecords.com
Deux ans ont passé depuis l’excellent New Brigade, premier album explosif du quatuor danois. L’étiquette indépendante et légendaire Matador a décidé, suite à cette entrée en matière fracassante, de produire le deuxième album du groupe. À en juger les résultats, je ne crois pas que ce soit une mauvaise décision, car You’re Nothing est supérieur à son prédécesseur, et ce, à tous les niveaux.
L’album s’inscrit sans aucun doute dans les meilleurs albums punk à être parus au cours des dernières années. Habités à la fois par une urgence d’exprimer un malaise et une colère globales, les musiciens d’Iceage, ayant à peine terminé l’adolescence, forment une puissante entité dans ce monde rock où les artistes sont souvent beaucoup trop professionnels. Iceage ne suit aucune formule, ne retient aucune pensée et ne fait aucun compromis sur You’re Nothing. Ça fait vraiment du bien à entendre.
On amorce le tout en force avec «Ecstasy» et «Coalition», les deux premiers extraits du disque. La première, une bourrasque énergique noise rock avec plusieurs changements dans le tempo, est comme un véritable nuage noir qui rendrait n’importe quel fan du groupe The Jesus & Mary Chain heureux. Et avec son refrain étouffant où Elias Ronnenfelt scande «Pressure! Pressure! Oh God No! Pressure!», on comprend la recherche d’extase illustrée à travers les couplets. «Coalition», quant à elle, représente probablement la chanson punk la plus conventionnelle de l’album, mais s’avère tout de même excellente.
«This is for speed and youth», lance Ronnenfelt dans la pièce «In Haze». Il a bien raison: l’album ne s’essouffle jamais et chaque instant est vécu à vive allure. Avec sa voix à la fois rageuse et nonchalante, une espèce d’hybride entre Pete Doherty des Libertines et l’icône punk Richard Hell, Elias Ronnenfelt amène encore plus de spontanéité et d’honnêteté aux chansons. Les thèmes retrouvés à travers les différentes pièces (aliénation, cynisme, sentiments de marginalité) sont assez traditionnels dans l’esprit du punk, mais ces préoccupations sont généralement indissociables à la jeunesse et demeurent plus que jamais pertinents par les temps qui courent.
Au plan musical, Iceage ajoute une touche post-punk à son arsenal pour quelques chansons. Ainsi, on retrouve souvent des tournures intéressantes dans les compositions: changements de dynamiques, passages plus mélodieux, intégration de l’espace à travers les pièces, etc. Ces intégrations ajoutent vraiment à la solidité de l’album, sans toutefois mettre à l’arrière-plan l’idée que le groupe écrit avant tout des chansons punk. Parmi les influences, notons Joy Division, Hüsker Dü, No Age, Mission of Burma ou même Black Flag.
Par la vague do-it-yourself qui occupe leur esprit, Iceage fait la preuve que le punk est bien loin d’être mort. Au contraire, il demeure aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était il y a plus de trente ans. Iceage ne sera jamais su sommet des palmarès, certes, mais cet album sera à surveiller lorsqu’on parlera des meilleurs albums de 2013.
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de la rédaction