«VIEUX FRÈRES – PARTIE 1» de FAUVE – Bible urbaine

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«VIEUX FRÈRES – PARTIE 1» de FAUVE

«VIEUX FRÈRES – PARTIE 1» de FAUVE

Exorciser le mal collectif

Publié le 5 février 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : FAUVECorp

Le phénomène FAUVE a fait couler beaucoup d’encre en 2013 et il y a fort à parier qu’il continuera de faire parler de lui dans les années à venir, puisque avec la sortie de VIEUX FRÈRES - PARTIE 1, premier volet d’un second opus à venir fin 2014, le groupe français ressort son ton naïf limite hargneux, se questionnant à nouveau sur les torts et les travers de l’être humain et de l’influence qu’a la société moderne sur son comportement.

Lancé à la mi-octobre, le single «VOYOU», qui comprend la participation du jeune rappeur parisien Georgio, agit comme un coup de poing sur la gueule, avec ce ton punitif et bilieux qui rappelle les propos fatalistes du «Suicide social» d’Orelsan, à la différence près que le voyou mis en scène ici voit la lumière au bout du tunnel: «J’ai fait des choses que j’regrette suffisamment / suffisamment pour y penser tout le temps / J’pourrais t’donner un million de bonnes raisons pour qu’on m’attrape, qu’on m’casse les genoux et qu’on m’cloue au pilori / Et si un jour on vient m’chercher, j’résisterai pas, j’sortirai les mains sur la tête sans faire d’ennuis.» Les deux voix, superposées et en alternance, inspirent une lueur d’espoir à cette chanson qui finit bien, malgré tout.

Les propos incisifs se relâchent un tant soit peu sur «REQUIN-TIGRE» pour laisser place aux confessions d’un homme qui, apparemment, en a bavé toute sa vie. Mais il semble, grâce à son cercle d’amis et à son expressivité à travers l’art, avoir réussi à s’en sortir: «Moi je me servais de la musique, des mots, de l’écriture pour avancer», confie-t-il avec quelques bégaiements, signes d’un cœur bouleversé, pétrifié. «JEUNESSE TALKING BLUES», par la redondance du mot «Blues», étourdit l’auditeur, mais dynamise un texte à saveur hip-hop bercé par une ligne de guitare bien rythmée. Les courtes pièces «RAG #3» et «RAG #4» servent d’intermèdes à cet album qui oscille de part en part entre cris du cœur et lueurs d’espoirs.

À l’instar du titre «RUB A DUB», le chanteur de FAUVE sort sa voix du dimanche et se laisser aller sur «Infirmière», dans laquelle un homme s’imagine aux côtés de sa douce, cette infirmière qui pourrait l’aider à trouver le sommeil, à se réveiller dans des draps blancs. «J’ai compris que tu voulais pas d’moi pour l’instant, mais j’me force à croire qu’avec du temps, tu changes d’avis. Dans mes nuits, je rêve encore qu’tu m’emmènes danser jusqu’au matin.» Les guitares s’éclatent sur «TUNNEL», mais également sur «DE CEUX», laquelle dépeint un sentiment d’urgence d’un collectif en soif de révolutions, doublé par ces sonorités assourdissantes qui dynamisent l’écoute.

Malgré une certaine redondance au niveau des thèmes visités, les textes de FAUVE pointant toujours vers ce découragement, ce pessimisme et cette hargne sociale qu’on partage tous, veut veut pas, on apprécie ses textes toujours adressés à la deuxième personne du singulier, qui puisent leurs forces à travers des rimes bien choisies et des thèmes qui rejoignent un mal collectif. C’est sur une note mélancolique très hip-hop que le groupe clôt l’album avec «LOTERIE», dans laquelle un homme crache sur l’individu moderne et les hasards de la vie: «C’est la roulette, tu choisis pas».

FAUVE s’emmène au Club Soda de Montréal dans le cadre du festival Montréal en lumière le samedi 22 février prochain en compagnie du groupe invité Pawa Up First. Le concert affiche complet, mais peut-être que certains billets (28,50 $ avec les frais) seront relâchés quelques jours avant le spectacle.

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