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Crédit photo : LePetitRusse
Natif de Chicoutimi, celui dont l’accent le trahit quelquefois ne se fait pas le porte-étendard de sa région. «Je ne suis pas un drapeau, même si j’adore ma région». Dans le sillage de son frère, il a commencé à jouer de la musique alors qu’il était au cégep, et c’est la guitare qui lui a permis de faire son incursion dans cet univers. Pleinement soudée à la voix de l’artiste, elle est à ce qu’il dit, le premier et le dernier instrument qu’il va toucher. Autodidacte, il raconte ainsi son apprentissage: «J’ai appris sur le tas, je ne sais pas ce que je joue, j’ai pas de théorie, rien. Ma guitare, c’est comme un prolongement de moi».
Louis-Jean Cormier offre ainsi un peu de structure à celui qui concède qu’ils sont parfaitement complémentaires. Alors que Cormier cherche des liens entre les pistes et tend vers une certaine organisation d’un album, Brach, de son côté, n’a pas les mêmes objectifs. «Moi j’y vais au service de la chanson, plus qu’au service de l’album (…) Je ne voulais pas que mon album, tu puisses le mettre en soupant sans avoir à te lever pour skipper des tounes.» C’est avec beaucoup de respect et d’amitié qu’il parle de leur collaboration sur Portraits de famine.
Le musicien possède aussi d’autres talents. Il cumule presque 15 ans d’improvisation théâtrale et il a déjà travaillé comme mixeur sonore. Voilà, ce qu’on retrouve lorsqu’on rencontre des «Divagations parlementaires» sur son album. Conscient que ça pouvait déplaire à certains et paraître sorti de nulle part à d’autres, il a tout de même laissé ce morceau qu’il a eu beaucoup de plaisir à créer et qu’il endosse complètement.
Par contre, «Père parti, mère mono…» a presque été retirée; il s’agit de ce genre de pièce qu’il endosse difficilement, à cause des accents un peu trop mélo, trop kitsch (ses mots) qu’il a choisi de fracturer par moments. De cette hantise du kitsch se cache quelque chose qu’on ne peut identifier lors d’une aussi brève rencontre. Mais on se demande, comme le terme revient souvent, comme c’est la tare qui lui fait renier une chanson ou désirer l’offrir à d’autres.
C’est que Philippe Brach, dans toute sa liberté, est très conscient de ce qu’il est et de ce qui fait son style, son ton et quoiqu’il soit lucide des rouages qui s’activent derrière toute figure publique, il n’est en rien dérangé dans son individualité, ni sa spontanéité qu’il conçoit comme un des meilleurs terreaux, «il y a du beau qui sort de ce qui est brut. C’est la liberté, le laisser-aller». Cette liberté, il la retrouve dans la forêt, dans le fond du bois. On l’entend bien dans «Né pour être sauvage», une des pièces de l’album (avec «Crystel») qui lui ressemble le plus. «Sauvage, c’est la liberté pour moi, c’est synonyme. C’est la liberté de soi-même, de ne pas se poser de question, de ne pas douter, d’y aller avec l’instinct».
Cet instinct que Brach remarque être souvent laissé pour compte dans un monde où chaque mot est pesé. Sur sa gestion des médias sociaux, il spécifie qu’il ne possède pas de cellulaire et qu’il gère le tout à partir de son ordinateur, sans trop s’en faire, sans soupeser à l’excès. «Avec tous les médias sociaux, le monde de la parole dans lequel on vit, on finit par penser un petit peu trop souvent, penser, on finit par worder notre vie.» En cela, comme en bien d’autres choses, il ne s’en fait pas, il avoue qu’il ne ressent pas un plus grand stress de performance suite à son Félix et que jeudi, «il y aura juste plus de monde dans la salle. Pour le show, nous autres, on donne toujours notre 100 %. Je donnerai pas un meilleur show parce que j’ai reçu un trophée.»
En terminant, nous lui avons demandé ce qu’il se souhaitait de beau pour l’avenir et il a immédiatement répondu «Une cabane dans le bois pour faire de la musique». À ce moment, Philippe Brach nous a un peu rappelé Richard Desjardins, dans cet amour du bois, dans son authenticité et ses idées sans concessions. Mais surtout, c’est un gars résolument no bullshit et inspirant qui fait don de lui à chaque chanson, ancré dans son présent.
Son spectacle-lancement se tiendra ce jeudi dès 20h30 au National (1220, Sainte-Catherine Est).