MusiqueCritiques d'albums
Nadia Essadiqi était déjà journaliste, comédienne et danseuse, mais pour s’épanouir véritablement, il lui fallait réaliser un autre de ses rêves: être auteure-compositrice-interprète. C’est au sein de La Bronze, un trio qu’elle forme avec Jean-François de Bellefeuille et Funk Lion, qu’elle laisse aller son génie créateur en textes, et son talent de communicatrice, en voix.
En lisant celle qui a une formation en communication et qui écrit pour les magazines NIGHTLIFE.CA et URBANIA, on comprend qu’elle a toujours quelque chose à dire. Puis, en découvrant qu’elle a participé cet été à la 30e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie, en tant que compositrice, afin de perfectionner son art de l’écriture avec comme mentors Pierre Flynn et Edgar Bori, il devient clair qu’elle a toutes les aptitudes possibles pour bien s’exprimer. Malheureusement, les cinq chansons originales qu’on retrouve sur le premier mini-album de La Bronze ne laissent pas bien entrevoir ce talent d’auteure chez Nadia Essadiqi, seule parolière du trio.
Difficile, en effet, de se laisser emporter par l’écriture de l’artiste, car sa voix trop souvent effacée, de par la technique vocale utilisée et par la faute des percussions et guitares électriques prédominantes, fait en sorte qu’on perd fréquemment des bribes de paroles. On a donc l’impression que l’auteure a une plume très poétique, car on entend de très jolis mots qui ressortent: «l’alvéole fuyante», «l’allégresse frugale», «la pouliche volante», «l’allure austère», «orbites pleins d’eau», «malléable», «hydrofuge», «plénitude», sans toutefois jamais comprendre tout à fait les histoires racontées.
Le seul morceau qui nous touche réellement est «Sur les aurores», dont on comprend davantage les paroles, grâce à son rythme plus lent, style ballade au piano. C’est d’ailleurs avec cet instrument que la majorité des chansons sont entamées, apportant un côté très classique à la musique de La Bronze, qui définit son style comme étant du «rock pop, à saveur trip hop, […] très vaporeux, un peu électro, un peu classique» (Source: Radio-Canada International). Mêlé à une poésie empruntant à la métaphore et autres figures de style, le trio montréalais offre des textes sensibles, pour ce qu’on en comprend: «Une balle perdue dans toute les rues. On n’avait qu’à briller pour l’éviter».
Il faut tout de même donner à La Bronze ce qui lui revient: sa musique est dynamique, même très entraînante. Particulièrement dans le cas de la chanson «Tes cheveux de feu», dont le refrain est plus qu’accrocheur, malgré le début langoureux au piano. «La course nue dans les prés», que ce soit dans sa version originale ou remixée, est un autre bel exemple de titre rythmé. Il faut dire que Nadia Essadiqi a une formation en tant que percussionniste et a une fougue naturelle, ce qu’elle a bien démontré en performance à Petite-Vallée, le 30 juin dernier. Avec sa voix un peu jazzy, voire soul, qu’elle va puiser à des endroits particuliers, elle alimente l’univers onirique créé par l’utilisation d’instruments électroniques et de guitares électriques de La Bronze.
La voix presque floue par endroits, très suave, appuyée par une musique au nébuleux mélange d’influences et une poésie évasive font en sorte que dès le premier titre, qui porte bien son nom, on tombe dans un «Vortex» et on se laisse trimballer dans une sorte de rêve. Un songe joyeux, entraînant, et intéressant. Le genre de rêve que doit vivre la pétillante Nadia Essadiqi maintenant qu’entourée de ses complices Jean-François de Bellefeuille et Funk Lion, elle a ajouté la musique comme corde à son arc.
Le mini-album de La Bronze est disponible en ligne via le site Bandcamp depuis le 16 février 2012.
Appréciation: ***1/2
Crédit photo: http://labronze.bandcamp.com/album/la-bronze
Écrit par: Alice Côté Dupuis