«Tragic Care» de Folly and the Hunter – Bible urbaine

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«Tragic Care» de Folly and the Hunter

«Tragic Care» de Folly and the Hunter

Un second opus planant

Publié le 17 avril 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Outside

Ce n’est ni à Vancouver ni à Montréal ni même en Angleterre, les régions d’origine du trio Folly and The Hunter, qu’on nous transporte à l’écoute de Tragic Care. La musique à la fois douce et empreinte d’une grande puissance de ce second album de la formation nous fait plutôt voyager quelque part dans le cosmos, menant ainsi l’auditeur dans un état d’apesanteur contemplative. Un état d’allégresse comme après un beau voyage.

Il serait facile de classer Folly and The Hunter parmi la multitude de groupes folk et indie-rock qui pullulent à l’heure actuelle, mais il faut dire que le trio, basé dans notre métropole, a de quoi se démarquer. Des guitares électriques vaporeuses, à l’ensemble à cordes franc, au piano mélodieux, aux percussions simples mais efficaces, aux intéressantes touches de banjo et de métallophone, jusqu’à l’orgue, force est d’admettre que l’ensemble forme un tableau cohérent qui plaît à l’oreille. Si on veut vraiment établir des comparaisons, l’univers feutré et mélancolique produit par Folly and the Hunter pourrait s’apparenter à ceux de Bon Iver, The Shins, Arcade Fire ou même Fleet Foxes, mais si on entend diverses influences à l’écoute de Tragic Care, la première chose à laquelle on s’attarde est tout de même la découverte d’un groupe ingénieux.

C’est que les arrangements musicaux des dix pièces présentes sur ce second album sont, toutes à leur façon, sublimes. Il y a certaines pièces portées de jolies façons par un piano clair et dynamique qui rythme – ou berce – la chanson, comme «Vultures», sur laquelle le piano donne l’impression de marquer le temps qui passe, grâce à son rythme aussi régulier que le tic-tac d’une horloge, «There Are No Great Redeemers», ou encore l’originale pièce de clôture aussi rythmée de claps, «Our Stories End». D’autres donnent plutôt dans les instruments à cordes, par exemple «Moth in the Perchlight» qui, en plus d’offrir une batterie omniprésente et aux sonorités diversifiées, introduit de façon mélodieuse le banjo sur Tragic Care. La pièce «How it Came Down» qui, de façon surprenante mais tout à fait intéressante, est plus rock que le reste de l’album, présente une guitare au rythme rapide et saccadé, de la musique minimaliste pour mettre l’accent sur la voix singulière du chanteur, et une forte finale avec de belles voix en chœur et des violons sensibles.

Ce qui étonne chez Folly and The Hunter, c’est l’énergie contagieuse et le dynamisme des pièces, qui sont pourtant plus souvent qu’autrement présentées dans une ambiance très mélancolique. La belle poésie des textes des acolytes Nick Vallee (voix et paroles), Laurie Torres (piano, guitare, batterie et banjo) et Christopher Fox (multi-instrumentaliste) nous plonge en effet en plein cœur de tourmentes, autant concernant la vie sentimentale que la vie, tout simplement. On ne peut donc que se laisser transporter par la plume de Vallee et les voix en harmonies du trio, tantôt bien supportées par les tambours qui rappellent parfois une marche militaire («Watch for a Deet at Dawn», «Whatever We Can Make»), tantôt à l’unisson pour des «Ouh Ouh» qui confèrent souvent une atmosphère planante et qui rythment de nombreuses pièces.

Si de belles envolées musicales sont présentes sur presque chaque titre, démontrant autant la variété de rythmes, de sonorités et d’ambiances que Folly and The Hunter peut créer, que le talent de ses musiciens, le style demeure toutefois le même de la première à la dernière pièce. Ne cherchez pas la grande envolée vocale ou le grain de voix un peu éraillé ici et là: Nick Vallee présente une voix claire et feutrée qui est fidèle à elle-même du début à la fin, sans jamais surprendre. Mais si vous n’êtes pas du genre à vous soucier de la polyvalence des voix et que vous aimez voyager dans des univers complexes et complets, Folly and the Hunter est une belle découverte bien de chez nous.

Le second opus du trio Folly and the Hunter, Tragic Care, est réalisé par Dave Smith et Jace Lasek des Besnard Lake, ainsi que Ryan Morey (Arcade Fire, The Barr Brothers, Half Moon Run). Il est paru sous l’étiquette Outside Music et est en magasin depuis le 16 avril. Le lancement montréalais se fera officiellement le 22 mai prochain au Cabaret du Mile-End. Un lancement se fera également à Québec, au Cercle, la veille, soit le 21 mai.

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