«Too True» de Dum Dum Girls – Bible urbaine

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«Too True» de Dum Dum Girls

«Too True» de Dum Dum Girls

Un changement de cap qui manque un peu de mordant

Publié le 24 mars 2014 par Romi Quirion

Crédit photo : Sub Pop

La sensation californienne Dum Dum Girls est de retour avec un troisième opus, Too True. Ce dernier marque une transition dans la carrière du groupe qui cherche à se renouveler et à trouver un nouvel angle d’attaque. La récente production opte pour un son plus sombre qui détache un peu les membres des sixties et les dirige plutôt au beau milieu des années 80.

Les quatre demoiselles peaufinent leur son, toujours avec l’aide du réputé producteur Richard Gottehrer (The Fleshtones, Blondie) mais ce dernier est secondé cette fois-ci par Sune Rose Wagner des Raveonettes. Too True évoque l’univers gothique des Cure, Siouxsie & The Banshees ou Patti Smith. Influencé par le shoegazing, la dream-pop, le garage-rock, le punk et la pop sixties, ce renouvellement de style n’altère pas pour autant la fascination du groupe pour les harmonies vocales bien troussées et une parfaite retranscription inspirée de la mélancolie adolescente.

Le premier opus du groupe I Will Be était savamment contrasté entre les ballades pop («Rest of Our Lives», «Baby Don’t Go») et les hymnes rock («Oh Mein M», «Jail La La»). Le second album Only in Dreams était quant à lui ballotté entre deux extrêmes: d’un côté des refrains pop au service d’un son plus reluisant que jamais, de l’autre une noirceur et une profondeur dans les paroles. L’auteure voulait ainsi créer une tension intérieure, un contraste entre musique et propos.

Sur Too True, la voix de Dee Dee est plus assumée et les paroles puisent encore dans le romantisme aigri. Certains titres de type ballades manquent parfois de consistance, donc s’avèrent décevants. Sa voix aquatique par moments, aérienne à d’autres, aurait pu être intéressante si elle avait été utilisée avec parcimonie. C’est plutôt dommage, car on retrouve cette voix froide sur la quasi-totalité de l’enregistrement. Pourtant, l’interprète a une voix sensuelle qui nous fait penser à Debbie Harry du légendaire groupe Blondie. Autre déception: la durée de l’album: trente et une minutes pour dix compositions, c’est définitivement trop court.

Malgré ces lacunes, quelques chansons nous restent en tête telles que «Rimbaud Eyes», une des rares pièces où la voix de la chanteuse n’est pas embrumée et où l’on peut l’apprécier à sa juste valeur, «Lost Boys and Girls Club» où l’on retrouve un brin d’influence du groupe The Jesus and Mary Chain et «Cult of Love», pour sa guitare électrique entraînante.

Too True est un bon album à la pop sirupeuse dont on se lassera probablement rapidement puisque les rythmes sont peu inventifs et les compositions linéaires donnent l’impression qu’elles sont issues du même moule. Musicalement, le quatuor féminin est à son meilleur lorsque les membres expriment leur côté bad girls, mystérieux et électrisant.

Le phénomène pop rock américain fascine les auditeurs par son attitude branchée, son apparence gothique soignée et l’irradieuse leader Dee Dee Penny. À ne pas manquer: les demoiselles de Dum Dum Girls seront de passage à Montréal au Il Motore le 28 mars prochain.

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