Tina-Ève présente son nouvel album «Entre deux éboulements»

Des concours de musique aux cours de théâtre

Comme beaucoup d’artistes émergents qui ont cherché à faire connaître leur musique et à faire leurs premiers pas dans l’industrie musicale, Tina-Ève est passée par la case «concours». En fait, cela s’est avéré être un véritable succès, puisqu’elle a été lauréate du Festival en Chanson de St-Ambroise et du Festival en Chanson de Petite Vallée (où elle a obtenu les Prix du Public, Prix Chanson Canon Sirius XM, Prix Plus belle plume Boréale), en plus de remporter le Concours Chante en français.

«Les concours m’ont aidée à rencontrer des auteurs-compositeurs qui sont devenus des amis, avec qui j’ai échangé. Je pense que, dans une démarche artistique, c’est riche d’avoir un cercle qui nous fait réfléchir, qui nous influence inévitablement grâce aux différentes prises de position artistiques de chacun», nous a-t-elle expliqué. «Émotivement, j’ai aussi ressenti les bienfaits d’être entièrement dédiée à l’écriture dans le cadre des concours. Ça m’a permis d’être forte et groundée comme artiste. Et puis, participer à des concours m’a aussi permis de rencontrer mon gérant Élian Mata, qui m’a encadrée dans toutes les démarches d’albums et de demandes de bourses que j’ai faites depuis le début!»

Alors que Tina-Ève a progressivement réduit ses apparitions dans les concours ces dernières années, elle a décidé, en 2019, de s’inscrire à une formation à l’École nationale de théâtre du Canada. Pourquoi ce virage, vous demanderez-vous peut-être? Selon elle, le théâtre lui permet une plongée artistique plus profonde et moins contrainte par la forme brève qu’impose la chanson. Elle voulait aussi porter sur scène des textes qui n’étaient pas «elle» nécessairement, tout en continuant à nourrir sa passion pour l’oralité.

Des chansons pour faire cheminer le monde

Paradoxalement à son envie de rentrer dans la peau d’autres personnages à travers le théâtre, on découvre le propre vécu de Tina-Ève à travers son nouvel album. En fait, l’auteure-compositrice nous a avoué qu’elle s’était beaucoup inspirée de sa propre histoire pour ses nouveaux titres.

Elle se livre donc au sujet de l’avortement, notamment, qui a été pour elle un défi et une décision difficile à prendre. «C’était un choix déchirant à faire. J’ai voulu parler de mon rapport au monde sans nécessairement ouvrir un débat, mais plutôt dans le but de développer de l’empathie chez les gens vis-à-vis de ce que vit une femme qui doit avorter. J’ai voulu exprimer ce que ça fait d’être face à ce dilemme, en espérant peut-être changer leur vision des choses.»

Tout ce qu’elle a vécu explique sûrement pourquoi elle se dit elle-même moins frontale, de plus en plus subtile et nuancée, et ce, à mesure qu’elle devient plus mature. Elle a d’ailleurs cherché à amener de la douceur au sein des chansons qui composent cet opus, avec l’aide de son réalisateur musical Marcus Quirion – qui avait déjà travaillé sur son précédent EP On aspire à mieux en 2017.

Visionnaire, cette Tina-Ève?

Fait somme toute notable, Tina-Ève avait choisi le titre et enregistré l’intégralité de cet album juste avant la pandémie. Or, Entre deux éboulements semble plus que jamais révélateur de ce qu’on vit en 2020, avec tous ces revirements qui nous surprennent et qui remettent en question la solidité de nos modèles, sur les plans de l’économie, de la santé ou de la société. À croire qu’elle avait déjà senti le chaos qui s’approchait…

À présent, dans ce contexte inhabituel, l’artiste doit innover et chercher d’autres moyens d’aller rejoindre son public, puisqu’elle ne peut plus compter, pour l’instant, sur les concerts ni les tournées afin de faire connaître son album. «On va faire des micro-métrages, des petits films avec les chansons, pour qu’elles existent. On va aussi miser sur des captations live, des capsules à partager. Mais honnêtement, c’est difficile. Je continue de créer et d’écrire, entre deux éboulements…», a-t-elle conclu sur un ton rêveur avant de clore notre entretien. 

Pour suivre l’actualité de Tina-Ève et vous procurer son plus récent album, consultez son site internet. Au fond, on ne le répètera jamais assez: soutenir la création artistique qu’on aime est un beau geste à faire ces temps-ci! À vous de jouer…

*Cet article a été produit en collaboration avec Productions EM.