«This Old Dog» de Mac DeMarco – Bible urbaine

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«This Old Dog» de Mac DeMarco

«This Old Dog» de Mac DeMarco

L'âge de la raison

Publié le 12 mai 2017 par Édouard Guay

Crédit photo : Captured Tracks

Uh-oh, looks like I’m seeing more of my old man in me, chante Mac DeMarco sur «My Old Man», la première pièce de son troisième album This Old Dog. S’il n’est pas encore tout à fait un père, l’auteur-compositeur-interprète a effectivement bien vieilli, surtout musicalement, et ça se remarque dès les premières notes de ce nouvel album. À 27 ans, DeMarco démontre ainsi une maturité artistique qui fait beaucoup de bien.

Après le succès de Salad Days, l’artiste a acquis une notoriété digne d’une rockstar, ce qui est quelque peu étonnant, puisqu’il est bien loin de correspondre à l’image que l’on se fait d’une star. Son côté déjanté de gars simple qui ne se prend pas au sérieux a aidé à le faire connaître. Ses multiples coups d’éclat, qui ont beaucoup circulé sur Internet, lui ont bien servi. Les nombreux vidéoclips bizarroïdes et ses moments cocasses sur scène sont également en cause.

Mac-DeMarco

Sauf que DeMarco casse en partie cette image avec This Old Dog en raffinant ses textes et en donnant plus de coffre à ses mélodies. On avait commencé à remarquer ce côté plus sensible, plus préoccupé, sur le mini-album Another One, sorti en 2015. La transition est cette fois-ci entière: This Old Dog donne à Mac DeMarco une profondeur qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors.

Cela nous frappe quand on entend des pièces comme «For The First Time». La guitare est moins présente, et les sonorités sont plus travaillées, notamment par l’ajout de claviers et de basse. L’artiste explore aussi le bossa-nova sur la fort jolie «Dreams of Yesterday». Sur «One More Love Song», le meilleur morceau de l’album, l’artiste s’installe au piano et nous emporte littéralement avec lui dans sa mélancolie et on ne peut que partir dans nos pensées les plus nostalgiques. Jamais Mac DeMarco n’a semblé aussi sincère, aussi vrai, aussi à nu. Le côté «musique de plage» et jovial n’est cependant pas perdu: l’harmonica d’«A Wolf Who Wears Sheep Clothes» est irrésistible, et le funky de «Baby You’re Out» sera parfait quand le soleil décidera de se pointer le bout du nez.

Les thématiques sont plus sérieuses également. Plusieurs sujets plus tristes sont évoqués dans des sonorités soul qui paraissent douces et joviales. Le contraste est intéressant sur «Still Beating»; l’artiste nous parle d’un amour où deux êtres ont perdu une partie d’eux-mêmes. La guitare est pourtant si chaude qu’elle donne envie de s’aimer malgré tout… Cet amour profond, viscéral, qui fait mal, ne quitte jamais vraiment l’album; il prend cependant toutes sortes de formes, de la plus triste à la plus optimiste, pour l’avenir.

Sur ce troisième album, Mac DeMarco frappe fort: le jeune chien fou des débuts a troqué sa guitare pour une gamme d’instruments, et a laissé de côté les plaisanteries pour se concentrer sur ce qui importe vraiment: la musique. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à ce que l’artiste se dénature; il reste spontané, drôle et authentique, mais il a aussi une belle sensibilité, et ça fait du bien de la découvrir.

Il est donc maintenant comme un vieux chien, plus sage, plus mature, et ça donne à sa proposition une profondeur qui lui attirera nécessairement un bassin plus large de fans. Le meilleur des deux mondes!

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