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Sacrés Best New Band (traduction: sauveurs du rock) par le magazine NME en 2011, les Vaccines n’ont pas chômé depuis la sortie de leur premier album. Tournée des festivals européens, première partie des Stone Roses, séance d’enregistrement avec Albert Hammond Jr.: la totale. Sur Come of Age, le groupe troque pantalons blancs et polos Fred Perry pour vestes en jeans et cheveux longs. Serions-nous en train d’assister à une «Arctic Monkeyfication» des Vaccines? La réponse vous attend au prochain paragraphe.
Pas vraiment. En fait, cette nouvelle offrande du quatuor londonien se présente comme la suite logique de What Did You Expect From The Vaccines?, et non comme un virage stoner rock psychédélique. L’esprit du indie rock à trois accords reste présent, mais on note plusieurs améliorations au niveau de la réalisation. Fini le reverb et les effets de distorsion à la The Jesus and Mary Chain: la voix de Justin Young est maintenant claire comme une pinte de Stella Artois, ce qui rend ses tentatives d’imitations de Bob Dylan encore plus amusantes. La guitare de Freddie Cowan (frère de Tom Cowan des Horrors) prend également beaucoup plus de place et amène une bonne dose de personnalité aux nouvelles chansons.
Les deux premiers extraits de l’album, «No Hope» et «Teenage Icon», donnent un bel aperçu de cette nouvelle version revue et améliorée des Vaccines. Les structures sont plus élaborées, les solos de guitares sont plus travaillés et les refrains sont plus accrocheurs. Malheureusement, c’est aussi lors de ces deux chansons que le problème de self-loathing démesuré de Justin Young se pointe le bout du nez. Depuis la parution de What Did You Expect, l’estime de soi du chanteur semble en avoir pris pour son rhume. «Reserved and shy, your average guy, no piercing stare, just out of shape with messy hair» se lamente-t-il dans les couplets de «Teenage Icon». Sur «Weirdo», cette tendance devient insupportable alors que Young dresse une sorte de liste d’épicerie de ses pires défauts, sans une once d’ironie.
Malgré les textes parfois lassants, le groupe réussit plusieurs bons coups en explorant des avenues musicales inattendus. On sent l’influence des Cramps dans le punk rockabilly de «Ghost Town», tandis que la guitare solo de «All in Vain» renvoie directement aux beaux jours de George Harrison. «Runaway» (exclusivité de la version deluxe de l’album) reprend les accords de «Sweet Jane» du Velvet Underground et les transforme en power pop ensoleillé. Sur «I Wish I Was A Girl», Freddie Cowan ressort quelques uns des vieux trucs de Joey Santiago (guitariste des Pixies) pendant que Young livre un texte maladroit sur les nombreux avantages de la gente féminine. On y trouve quelques perles sexistes comme «Life is easy when you’re easy on the eyes».
Come of Age ne marquera pas nécessairement l’année 2012, mais il laisse néanmoins les Vaccines sur une trajectoire intéressante. Espérons maintenant que Justin Young retrouve un semblant d’optimisme et de confiance en soi d’ici la sortie du troisième album.
Appréciation: ***
Crédit photo: www.thevaccines.co.uk
Écrit par: Louis-Jean Trudeau