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Crédit photo : Wind-Up
Il s’agit de leur sixième opus et, en quelque sorte, d’un retour aux sources; le leader a confié s’être inspiré des éléments qui ont fait de «Hey Man Nice Shot» une pièce si singulière; l’énergie puissante derrière la voix et la musique ainsi que le sentiment de rage qui en émane. Selon Patrick, on retourne à l’état d’esprit de l’époque de Short Bus (1995), mais avec la technologie d’aujourd’hui. À la première écoute, on ne peut que constater la similitude avec le premier album, qui est devenu un incontournable de la musique industrielle des années 90. Mais on ne peut s’empêcher d’avoir la franche impression que l’on nous sert du réchauffé, que l’on réutilise une formule qui a bien fonctionné dans le passé pour renouer avec le succès, ou encore retrouver l’éclat qui en a fait ses lettres de noblesse. Le résultat est très décevant; il s’agit en fait d’un pas en arrière.
Héritier de Skinny Puppy et de Front 242, sans oublier un passage en tant que musicien de tournée, auprès de Nine Inch Nails, que l’on imagine des plus formateurs, leur son est surtout industriel, avec beaucoup d’échantillonnages de bruits électroniques et de guitares lourdes, voire déchainées. Filter nous a offert de très solides chansons par le passé, dont certaines contributions parmi les plus intéressantes pour des bandes originales de films, on pense notamment à «Jurassitol» (The Crow: City of Angels et la collaboration avec The Crystal Method pour l’hypnotique et entraînante «Can’t You Trip Like I Do» (Spawn).
Mais il semble que le son de Filter s’use avec le temps, les jeux de guitare et de basse ne se renouvellent pas et il n’y a aucune variation dans la façon de chanter de Patrick, ce qui devient lassant. Le plus grand défaut de cette parution est que l’on ne ressent pas la sincérité, la colère décriée semble mécanique et sans âme. Les mélodies sont une combinaison de Slash, White Zombie et Deftones, en plus d’être répétitives.
Le premier titre est «We Hate It When You Get What You Want». Elle a tout le potentiel pour devenir un succès, tout en étant une chanson rythmée avec des textures variées. Bref, c’est probablement l’une des meilleures de l’offrande. La pièce «Watch the Sun Come Out Tonight» contient l’effet auto-tune, mal exécuté, ce qui en gâche la portée.
Le titre «Take That Knife Out of My Back» est plutôt cliché, sa structure passive agressive ne réinvente rien, et malgré ses paroles revendicatrices et colériques, il n’arrive pas à susciter cette révolte auprès de l’auditeur. Il y a quelques ballades, dont «It’s My Time», qui est un morceau joué au piano et interprété de façon ennuyeuse, et «It’s Just You», qui est plus intéressant et accrocheur. Cependant la chanson «First You Break It» manque carrément d’originalité, on dirait même une copie de «Take A Picture» sans même avoir été mise à jour.
Bref, cet opus risque fortement de passer sous silence, car les fans de la première heure ne retrouveront pas le caractère distinctif présent sur Short Bus ou encore Title of Record, et pourraient préférer réécouter ces derniers au lieu d’adopter The Sun Comes Out Tonight. En ce qui concerne les nouveaux admirateurs potentiels, il y a fort à parier qu’ils ne seront pas emballés par la signature musicale de Filter. Ce groupe est resté prisonnier des années 90, et ce, malgré son désir de s’actualiser.
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de la rédaction