«The Messenger» de Johnny Marr – Bible urbaine

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«The Messenger» de Johnny Marr

«The Messenger» de Johnny Marr

Un Smith en solo

Publié le 6 mars 2013 par Louis-Jean Trudeau

Crédit photo : Stereogum.com

Considéré comme une légende vivante dans le monde du rock indé britannique, Johnny Marr roule sa bosse depuis maintenant 30 ans. De la surcharge de trémolo de «How Soon is Now» au funk syncopé de «Dashboard», ses riffs inimitables ont meublé les mixtapes de toute une légion d’obsédés musicaux. Après avoir prêté ses talents de guitariste à une véritable «trâlée» de groupes cultes (The Smiths, Electronic, Modest Mouse, The Cribs), l’homme à la Jaguar prend finalement les devants et lance son premier album solo.

Pour quelqu’un qui a passé la plus grande partie de sa carrière dans les ailes de la scène, Marr démontre une belle assurance en tant que frontman. D’une voix mélodique et rassurante, l’icône de Manchester nous dépeint une série de vignettes sur les hauts et les bas de la vie en Europe. Musicalement, le guitariste trace une ligne directe entre la classe indémodable des mods et l’explosion post-punk du début des années 1980. On reconnaît rapidement l’univers de Johnny avec «The Right Thing Right», titre d’ouverture typiquement Britpop submergé dans le treble.

Tout comme l’illustre Keith Richards, Marr a toujours su composer des chansons autour d’un riff béton. La ligne de guitare qui fera saliver le public. C’est un don que le guitariste utilise à profusion tout au long du disque, sans jamais tomber dans la redondance. L’espiègle «Upstarts» aligne les hooks de guitare à un rythme effréné, fusionnant accords majeurs très Stonesiens et élans new wave dignes des premiers albums de U2. Dans un tout autre registre, l’ouverture en dents de scie de «I Want The Heartbeat», cri-du-cœur post-punk tout en angles aigus, montre le côté plus agressif (et méconnu) du guitare héros.

On sent l’amour de Marr pour le funk et le disco à travers les lignes de basses groovy à souhait qui peuplent l’album. Ces basses hypnotiques prennent tout leur sens sur la chanson titre du disque, petit chef d’œuvre de guitares envoûtantes et de rythmes planants. Information inutile du jour: l’ex-Smith cite régulièrement Nile Rodgers (guitariste du groupe Chic) comme une influence importante sur son œuvre. Bref, Andy Rourke (autre ex-Smith et expert en groove) serait fier du travail de son ancien collègue.

Johnny Marr a toujours la cote en 2013. Récipiendaire du «Godlike Genius Award» du magazine NME, le guitariste semble avoir saisi le moment idéal pour lancer sa carrière solo. The Messenger est un bon disque de britrock mélodique sans prétention. Marr nous propose des morceaux familiers mais efficaces qui s’enfilent comme un vieux polo Fred Perry. Sans grande surprise, les arrangements de guitares ultracalculés font la force des chansons. Album à écouter pour les fans des Smiths et du quatrième album des Cribs (Ignore The Ignorant).

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