MusiqueCritiques d'albums
Cascadeur, alias Alexandre Longo, vous dit peut-être déjà quelque chose, puisqu’il s’est faire connaître en remportant le prix CQFD 2008 organisé par le magazine Les Inrockuptibles. On a pu apercevoir le Français aux côtés des groupes Orwell, Variety Lab et Sharko, qui ont tous d’ailleurs participé à son premier album The Human Octopus, sorti numériquement au Québec en mars.
Une première version de cet album piano-voix beaucoup moins élaborée est d’abord sortie sous le même nom en 2005. Portant plusieurs chapeaux tels que ceux d’auteur-compositeur-interprète, musicien, arrangeur et mixeur, et, près de six années suivant la sortie de cette première version, une question peut venir à l’esprit de l’auditeur: va-t-il livrer la marchandise?
Dès la première écoute de l’album revisité et enfin complété, on comprend que Cascadeur travaille minutieusement dans son Cascodrome (son studio maison), et n’a négligé aucun détail sur ces onze chansons; il a mis le paquet pour en mettre plein la vue (et les oreilles), on peut donc en venir à la conclusion que le défi a été relevé avec brio. On sent l’expérience à travers l’ensemble de son œuvre ainsi qu’une nouvelle maturité. Les textes font part d’une extrême sensibilité et d’une poésie magnifique et un peu sombre, donnant un petit goût aigre-doux à l’ambiance générale de l’album.
La musique de chacun des titres transmet une profondeur presque palpable, l’instrumental ayant été travaillé et retravaillé avec une variété d’instruments impressionnante pour ainsi jouer avec l’intensité des morceaux et en faire des mélodies accrocheuses. Plusieurs sons ambiants ont été ajoutés pour une authenticité encore plus efficace; des voix d’enfants au loin, ici, des fréquences radios en loop plus loin, des bruits métalliques là, puis des rires de foule. Beaucoup de piano, aussi, faisant par le fait même référence à Perfume Genius. Une chorale pop juvénile entendue dans chacun des morceaux amène une touche presque magique. Les arrangements orchestrés avec finesse, Longo vient ici offrir toute une gamme d’émotions.
Parmi les titres forts de l’album, «Walker» se démarque de par la complexité des partitions de piano, sans pourtant ajouter de lourdeur; c’est un véritable tourbillon de mélancolie. Dans une même lignée, «Memories» fait part de douce nostalgie, avec une sonorité un peu moins tragique, voire plus lunaire. Puis vient un sentiment d’urgence de vivre à l’écoute de «Meaning» sous un ton plus lent, progressif et tragique, et ce, dans la deuxième version piano et chœurs d’enfants située à la toute fin de l’opus.
Dans un autre ordre d’idée viennent des mélodies plus rythmées telles que «Bye bye», laquelle est inscrite sous le thème de la rupture, et «Glam» donnant un peu plus dans la tonalité pop avec ses sonorités électros.
On découvre donc, avec The Human Octopus, un album senti et personnel. Les harmonies d’instruments à cordes donnent un ton de nostalgie, laissant ainsi place à un univers singulier. Des influences jazz, un mélange de Neil Young et de Zack Condon (chanteur de Beirut) au niveau vocal, un monde, bref, où le style musical du groupe Radiohead rencontre celui de Patrick Watson afin de donner un tout unique et authentique.
Appréciation: *** ½
Crédit photo: www.cascadeursound.com
Écrit par: Émilie Langlois-Pratte
Cascadeur viendra charmer le public québécois au Festival international de Jazz de Montréal les 28, 29 et 30 juin dès 20h30 au Théâtre de Quat’Sous. Les billets se vendent au coût de 27 $. Pour plus d’information, visitez le http://www.montrealjazzfest.com/artistes/artiste.aspx?id=7816.