«The Big Dream» de David Lynch – Bible urbaine

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«The Big Dream» de David Lynch

«The Big Dream» de David Lynch

Nul besoin de se réfugier sous son lit!

Publié le 13 août 2013 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Sacred Bones

Le 2 juillet dernier, le réalisateur de Twin Peaks nous a présenté son deuxième album, intitulé The Big Dream. Le cinéaste, qui nous a habitués à ses films dérangeants, obscurs et absurdes est également musicien à ses heures. Contrairement à sa filmographie - et à son premier album duquel émane une puissante sensation de surréalisme - ce disque est très accessible; un blues posé et non conventionnel, aux accents atmosphérique et électronique.

Cela n’est pas une surprise pour les cinéphiles. Plusieurs ont en effet remarqué le soin qu’il apporte aux bandes originales associées à ses productions, que ce soit Twin Peaks, Blue Velvet, Mulholland Drive ou encore Lost Highway. Il est difficile de définir David Lynch, puisque celui-ci n’aime pas expliquer son art, en l’occurrence ses films, car il croit que les œuvres parlent d’elles-mêmes. Entretenir le mystère est sûrement l’une des raisons qui expliquent pourquoi il a des admirateurs aussi fidèles. Cela et sa signature artistique hors norme, bien sûr!

Quoi qu’il en soit, il confesse avoir un amour profond pour le blues et il affirme être retourné vers ce genre musical pour cet album. Et cette influence est tout à fait perceptible, beaucoup plus que ce ne fut le cas pour son premier disque en tant que musicien solo, Crazy Clown Town (2011), lequel est davantage électronique et offre des sonorités beaucoup plus froides et mécaniques. Par ailleurs, les textes sont significativement moins éclectiques, on ressent même une certaine cohérence plutôt qu’une explosion d’idées bigarrées, ce qui devrait plaire à un public plus large.

L’omniprésence des racines blues rend cette offrande beaucoup plus accessible. Cependant, ce n’est pas du blues au sens classique, car il y a une bonne dose de distorsion qui accompagne la guitare. Cet effet n’a rien d’agressif et se rapproche davantage du rock and roll à ses origines plutôt que du métal contemporain. Un autre élément qui créé une saveur distincte et, par le fait même, s’éloigne du blues authentique, est l’incorporation d’un mélange réussi de diverses textures sonores électroniques. Cela insuffle de la modernité au genre. Par contre, il y a un bémol; Lynch n’est pas un chanteur; sa voix est nasillarde et très trafiquée. De plus, la manipulation vocale et l’abondance d’échantillonnages font en sorte que le son n’est pas organique.

Ceci étant dit, ce disque est agréable à écouter et contient des morceaux fort intéressants. La pièce titre, «The Big Dream», est plutôt langoureuse et nébuleuse; elle constitue l’introduction parfaite, tandis que les extraits «Star Dream Girl» et «Sun Can’t Be Seen No More» nous font immanquablement penser à George Thorogood et sont décidément les plus entraînantes et dansantes de cette offrande.

Sur cet opus, le créateur d’Eraserhead nous offre également quelques surprises, dont «I’m Waiting Here» un duo avec Lykke Li, une chanson planante aux échos nostalgiques, bref, un genre qui se prête très bien à la voix lascive de Li et qui englobe très bien l’esprit de Lynch. En l’écoutant, nous avons l’impression que ce titre aurait eu sa place sur la bande originale de Blue Velvet.

Le titre «I Want You» a la particularité d’emprunter des rythmes et des arrangements qui nous rappellent Tricky. C’est captivant mais pas nécessairement original. Pour sa part, la pièce «Wishin’ Well» est définitivement hantée, sombre et étrange, nous avons presque l’impression d’entendre des fantômes!  Le morceau le moins intéressant est la reprise de Bob Dylan «The Ballad of Hollis Brown». Sans être mauvaise, elle plaira probablement davantage aux fans de ce dernier.

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