«Sun Leads Me On», le deuxième album d'Half Moon Run – Bible urbaine

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«Sun Leads Me On», le deuxième album d’Half Moon Run

«Sun Leads Me On», le deuxième album d’Half Moon Run

Une formule diluée qui a perdu sa concentration

Publié le 26 octobre 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Indica

Depuis sa mise sur pied, la formation Half Moon Run propose une musique plutôt sombre qu’elle avait d’abord présenté sur le disque Dark Eyes, en 2012. Après une tournée au succès monstre mais éreintante, les musiciens canadiens se targuent d’avoir trouvé un peu de lumière et de l’avoir laissé les guider pour leur second opus, Sun Leads Me On, paru le 23 octobre sous l'étiquette Indica. Sans les faire mentir, il faut tout de même avouer qu’il s’agit là plutôt d’un soleil d’automne que d’un beau soleil franc et chaleureux d’été.

Half Moon Run s’était bâti une base de fans très solide et fidèle, devant annoncer ses spectacles complets quelques minutes à peine après que les billets aient été mis en vente. Et pour cause: les musiciens offrent des performances dynamiques, voire absolument enlevantes, à l’image de leur première offrande, qui recèle de morceaux puissants qui ne laissent pas indifférent.

Bien sûr, la voix particulière de Devon Portielje n’a pas changé; elle est toujours aussi appréciable et possède une belle intensité quand elle craque, tout en s’harmonisant toujours à merveille avec celle de ses comparses. Évidemment, aussi, les arrangements musicaux sont encore variés et complexes, faisant ici et là la part belle aux tambours et percussions énergiques, ou encore aux claviers, laissant même apparaître quelques touches électroniques bien insérées qu’on accueille avec plaisir. Pourtant, on se sent très peu interpellé à l’écoute de ce nouvel album, et contrairement au premier disque, aucun de ses morceaux ne réussit à nous faire lever de notre siège.

Le tout se révèle étonnamment monotone: la majorité des pièces sont lentes, peu entraînantes, et n’ont rien d’enlevant. Heureusement, chaque chanson possède sa couleur, son ambiance et c’est bien là la différence entre Sun Leads Me On et le premier projet: contrairement à Dark Eyes, qui nous élevait dès le départ dans une atmosphère particulière et qui ne nous déposait de cette apesanteur qu’à la toute fin, le petit nouveau montre un style moins homogène, nous faisant voyager dans plusieurs univers. Manque d’unité et de ligne directrice, ou désir de démontrer un travail de création plus complexe et un plus large éventail d’influences?

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Quoi qu’il en soit, c’est dans une vibe très 70-80 qu’on nous plonge dès le départ, sur «Warmest Regards», où le début à la flûte traversière et à la guitare acoustique, auxquels viennent s’ajouter un petit solo de guitare électrique tout simple et un petit chœur tout doux pour soutenir la voix du chanteur, font tout ce qu’il y a de bon petit rock tranquille à la McCartney. On nous plonge ensuite dans un folk en harmonies aux jolies touches de violon sur «I Can’t Figure Out What’s Going On», avant de nous offrir des sonorités électroniques sur la beaucoup plus rythmée «Consider Yourself», mais des sons électro qu’on dirait plus choisis dans les années 90 qu’aujourd’hui.

Et ainsi va le disque, passant de l’acoustique à l’électrique, de simples mais magnifiques harmonies de «Devil May Care» à la voix sensible du frontman mise de l’avant sur la jolie «Narrow Margins», mais toujours dans une douceur et une lenteur presque dérangeante. Le début au tambour très franc et rythmé de «It Works Itself Out» donne de l’espoir pour une pièce enlevante qui donnerait un beau moment d’intensité sur scène, mais c’est encore une fois une ballade plus ou moins mémorable, malgré les guitares, pianos et sons électros qui l’animent.

C’est véritablement «Turn Your Love», où on reconnaît un peu plus les sonorités pré-Sun Leads Me On d’Half Moon Run, qui réussit à nous interpeller le plus et qui nous entraîne avec ses percussions et ses sonorités électroniques, de même que «Trust», le premier extrait radio qui en avait déjà laissé plus d’un perplexe quant au nouvel album. Finalement, oui, c’est la chanson la plus électro qui détonne carrément du reste de l’album, malgré ses touches synthétiques, ici et là, qui a le plus le mérite d’être enlevante et qui offrira certainement, pour vrai cette fois-ci, un bon moment en spectacle.

Sun Leads Me On n’est pas à condamner; il plaira cependant à un autre type de public que celui qui était habitué à Dark Eyes. Pour les fans des premières heures, il faudra sans doute accorder plusieurs écoutes avant d’y trouver son plaisir, car bien sûr qu’à travers cette multitude d’ambiances et ces ballades un peu plus pantouflardes, Half Moon Run n’a rien perdu de son charme et de son talent créateur. Peut-être, au contraire, la formation a-t-elle trouvé une vitesse de croisière qui lui sied mieux et qui lui permettra de ne pas s’épuiser en tournée?

Il ne reste plus qu’à espérer que la lumière réussisse à jaillir sur scène et lui redonne un peu d’énergie en spectacle.

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de la rédaction

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