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Crédit photo : www.ought.bandcamp.com
L’ascension d’Ought est plutôt impressionnante, surtout quand on pense que le groupe ne s’est formé qu’en 2012. Alors que leur son rappelait beaucoup Talking Heads et Television sur le premier disque, Sun Coming Down voit les musiciens de Montréal adopter un rock encore plus rugueux et nerveux. Les chansons ont plus de mordant et sont moins accrocheuses qu’auparavant, alors l’auditeur se doit d’être plus patient.
«Men for Miles» est vraiment une excellente façon de débuter l’album. Les guitares et la voix font immédiatement penser au Sonic Youth de l’époque Daydream Nation ou Goo. On sait dès lors que l’écoute ne sera pas très facile, avec un refrain qui vient tout de même nous chercher malgré l’étrangeté et l’obscurité des paroles: «There were men for miles / And doesn’t it just bring a tear to your eye / A tear to your eye / A tear to your eye». On pourrait très bien imaginer Ian Curtis de Joy Division chanter ces mots quelque part en 1979.
La collision des guitares crée une ambiance très tendue, créant un rock très anxieux faisant très art rock expérimental vu la complexité des pièces. Le chanteur Tim Darcy varie fréquemment les passages chantés avec des moments de narration. Rien n’est plus vrai que sur «Beautiful Blue Sky», qui ressemble étrangement au légendaire groupe indie-rock britannique The Fall, tant au niveau musical que dans la critique de la vie bourgeoise ennuyante se cachant derrière les paroles.
Au final, l’album est satisfaisant mais pas renversant. Il est toujours difficile pour un groupe de livrer deux bons albums en deux ans, alors Ought peut être fier d’avoir accompli l’exploit. Les influences sont encore un peu trop évidentes et le style peut s’avérer parfois un peu prétentieux pour les goûts de certains. Chose certaine, des groupes comme Ought et Viet Cong (qui devront changer de nom) prouvent que le post-punk canadien est bien en santé.
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de la rédaction