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Crédit photo : Spectra Musique
Fidèle au modèle instauré sur Into the Woods, Out of the Woods (Spectra, 2013), Papanicolaou a choisi d’ouvrir la présentation de ses étranges nuits avec une douce pièce instrumentale planante, où un joli piano aux cordes martelées se fait entendre, donnant un morceau ambiant digne d’une trame sonore de film. Et dès la vraie «Strange Nights» amorcée, il ne fait aucun doute, l’auteur-compositeur-interprète prouve qu’il demeure authentique au son folk-pop mis de l’avant sur son premier album, tout en se montrant davantage posé. La voix calme, qu’on dirait plus grave et parfois avec plus de grain, n’est même pas sans rappeler celle d’Adam Cohen, dont l’univers n’est pas sans similarité avec celui du Montréalais d’origine grecque.
L’agréable premier extrait radio, «Invitation Inn» est un peu plus pop, alors que «New Moon», qui la suit, est plutôt planante, avec ses synthétiseurs et guitares électriques. D’autres pièces explorent davantage la quiétude et la douceur, comme «Nothing Like a Hard Time» et «For a While», toutes deux magnifiquement plongées dans l’émotion. Ce qui accentue le côté très honnête de cet opus est sans doute l’étroite collaboration avec Brad Barr, le leader du groupe The Barr Brothers. En plus de coréaliser l’album avec Papanicolaou, celui-ci joue la majorité des pianos entendus, en plus de certaines guitares et autres instruments tels l’harmonium et le ukulélé, tous deux bien présents sur «Nothing Like a Hard Time» pour soutenir de sublime façon la voix éthérée et apaisante du chanteur.
Globalement plus doux et moins entraînant qu’Into the Woods, Out of the Woods, ce nouvel opus dégage un certain apaisement, à défaut de contenir des envolées vocales ou des chansons qu’on sent en formule band. Strange Nights fait souvent ressentir l’intimité de la réalisation, comme sur «For a While» où, seul avec Barr et leurs guitares acoustiques, il se livre: «Can you see the fear in my eyes / I don’t mind, I don’t mind». Mais il est aussi amusant, parfois, de s’éclater la nuit. C’est pourquoi des morceaux comme «We Can’t Start We Can’t Stop» arrivent à point, avec un son de vieux rock gras et ses solos de guitares électriques dynamiques.
C’est sur «Disposable» que Papanicolaou renoue avec l’instrumental, après avoir chanté avec entrain la jolie image «Like a paper cup dancing with the wind / We were disposable then, that’s how we lived», en intégrant en finale synthétiseurs, guitares acoustiques et électriques en guise d’interlude menant vers «Oh My My» une finale aussi très «cohenesque fils». Cette dernière comprend des lueurs d’espoir, et peut-être aussi de soleil, car ça y est, l’étrange nuit de Papanicolaou est terminée, et sans s’en rendre compte, on s’est laissé bercer par ses douces mélodies jusqu’aux premiers rayons de lumière.
L’album Strange Nights d’Andre Papanicolaou est paru sous l’étiquette Spectra Musique le 3 février dernier. Son lancement à Montréal aura lieu à La Vitriola, mercredi le 4 février en formule 5 à 7.
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de la rédaction