«SQUARE/TRIANGLE/SINE», un premier opus pour ESB et Yann Tiersen – Bible urbaine

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«SQUARE/TRIANGLE/SINE», un premier opus pour ESB et Yann Tiersen

«SQUARE/TRIANGLE/SINE», un premier opus pour ESB et Yann Tiersen

Une rencontre du troisième type

Publié le 6 janvier 2016 par Catherine Martellini

Crédit photo : Yann Dupuis et Jérôme Sevrette

Derrière le nouveau groupe ESB («Elektronische Staubband») se cache un nom bien connu de la scène musicale et instrumentale: Yann Tiersen. Si le nom nous est familier, Square/Triangle/Sine n’a toutefois rien à voir avec les envolées remplies d’espoir que l’auteur-compositeur-interprète nous a présentées de lui dans la trame sonore d’Amélie Poulain. Ici, on entre dans un univers parallèle où Lionel Laquerrière et Thomas Poli, les deux autres membres de la formation, opèrent leur chimie analogique pour nous offrir un opus à mi-chemin entre le rock progressif et l'électroacoustique sombre et industrielle.

Cette exploration s’est amorcée lors de la tournée de «Dust Lane» de Yann Tiersen en 2010, à laquelle s’est joint Lionel (notamment de Nestorisbianca et Geysir) à titre de musicien. Durant les temps morts du concert, les deux comparses s’amusaient à transposer les morceaux de Yann en versions électros. Ce qui n’était au départ qu’un jeu s’est transformé en projet de compositions. Thomas Poli, le producteur de Dominique A, Moissec et d’Olivier Mellano pour ne nommer que ceux-là, a alors décidé de s’ajouter à eux pour pousser plus loin cette idée fascinante et de la matérialiser sous les sept titres que comprend Square/Triangle/Sine.

Hautement expérimentale, cette œuvre n’est pas accessible à tous les communs des mortels. Il faut accepter d’être entraîné complètement ailleurs pour apprécier toute la ligne mélodique suivie par les trois musiciens. À sa première écoute, on a l’impression de se retrouver dans un récit tragique, comme celui du film Requiem for a Dream. Aucune pièce ne laisse en effet présager une fin heureuse.

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La vidéo réalisée pour la chanson «Market», qui est certainement la plus réussie de l’album, est une parfaite illustration visuelle de la transe psychédélique dans laquelle la musique d’ESB nous plonge. Les rythmes évolutifs et l’ambiance envoûtante nous font carrément basculer dans une autre dimension. Dans «The Flashlight», un sentiment d’urgence s’empare de nous, comme si un danger nous guettait à chaque tournant que prend le morceau, suspense qui n’est pas sans rappeler le célèbre film allemand Cours, Lola, cours.

Parmi les pièces les plus longues, on trouve «Late», de laquelle se dégage une forte énergie funeste. D’une durée de plus de huit minutes, on ne serait pas surpris de voir surgir des zombies et de devoir se préparer à un scénario catastrophe.

L’ensemble de l’album réussit à nous captiver, un peu comme si on se retrouvait sous hypnose et que l’on assistait à une guerre de claviers analogiques, où chacun des artistes intercepte les missiles sonores des autres et réplique avec une arme inattendue.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le style, on ne peut nier que les trois membres sont passés maîtres dans l’art de créer des atmosphères originales.

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