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Crédit photo : www.U2.com
Le quatuor irlandais nous a habitués à déployer de grands moyens promotionnels qui laissent souvent la musique en arrière-plan. Rien n’a jamais été aussi vrai qu’avec Songs Of Innocence, leur treizième offrande studio. En effet, le fiasco avec Apple a évidemment pris toute la place. Et avec raison: la compagnie aurait payé un montant d’argent astronomique pour faire le marketing de l’album.
Pourtant, à écouter l’album, on jurerait que les membres du groupe ne regardent pas en avant, mais bien loin en arrière. Songs of Innocence représente cette nouvelle obsession de U2 de revenir dans leur passé, lorsque le groupe faisait ses premiers pas à la fin des années 1970. Les gars ont la nostalgie du mouvement punk, d’où ils proviennent.
Alors Bono dédie une chanson à Joey Ramone («The Miracle») et une autre à Joe Strummer («This Is Where You Can Reach me Now»). Aucune des deux pièces ne passe proche de ressembler aux Ramones ou à The Clash. Aucune n’approche, ne serait-ce que minimalement, la qualité des deux groupes non plus. Il faudrait peut-être rappeler à Bono aussi que l’esprit do-it-yourself du punk n’allait pas vraiment dans le sens d’une association commerciale avec une méga corporation.
N’empêche que même si l’on retrouve très peu de moments forts sur Songs Of Innocence, quelques pièces finissent par ressortir. «Cedarwood Road» est une chanson plus musclée qui rappelle «Bullet the Blue Sky». «Song for Someone» est une ballade typique mais efficace que U2 est encore capable d’écrire. Lykke Li vient aussi agrémenter le tout sur «The Troubles», qui termine l’album.
Si U2 a déjà démontré la capacité de se réinventer à plusieurs reprises par le passé (The Joshua Tree, Achtung Baby, All That You Can’t Leave Behind), c’est malheureusement raté ici. En regardant trop en arrière ou trop en avant, ils ont visiblement oublié de saisir le moment présent.
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de la rédaction