«Silence/Win» de Kim Churchill – Bible urbaine

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«Silence/Win» de Kim Churchill

«Silence/Win» de Kim Churchill

Un troisième opus qui fait voyager

Publié le 1 avril 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Fontana North

Les deux premiers albums de Kim Churchill se ressemblaient tant au niveau du style et des sonorités qu’on aurait pu croire qu’ils avaient été composés et enregistrés durant la même période malgré l’année qui sépare leur parution. Avec Silence/Win, le jeune auteur-compositeur-interprète apporte un vent de fraîcheur à sa discographie en offrant davantage de nuances et d’influences, donnant un produit sensiblement plus pop. C’est donc en dodelinant de la tête qu’on se plaît à voyager avec Churchill et à découvrir son environnement, qui s’élargit tout à coup.

L’expérience de Silence/Win débute dès la pochette d’album qui, en plus d’être magnifique, est des plus révélatrices. Celle-ci présente l’artiste, carte géographique sans fin à la main et dont l’extrémité est en flammes, et témoigne du statut de grand voyageur de Kim Churchill. Australien d’origine, il parcoure le monde depuis plusieurs années en effectuant des tournées, ce qu’il fait actuellement au Québec en compagnie de Steve Hill et de Matt Andersen. En vrai nomade qu’il est, le mois complet qu’il a passé sur l’île de Vancouver à enregistrer son dernier opus à l’été 2013 est sa plus longue période de temps passée au même endroit en cinq ans.

Pas étonnant puisque la plume de l’auteur sait si bien décrire ce qui l’entoure. Avec un champ lexical allant de «fleur» à «feu» en passant par «îles» ou «arbres», les textes de Kim Churchill regorgent de références à la nature, mais aussi à la civilisation, qu’il observe d’un oeil critique, comme sur la cinquième pièce sur laquelle il y va d’un conseil: «Don’t Leave Your Life Too Long». D’une voix un peu mélancolique mais empreinte d’espoir, il note de façon jolie et lucide «And I was walking one day through the big lights / wondering when the world became so tight / bottles of vodka, flashes of Coca-Cola signs shine like moonlight / no wonder that the world became so blind».

La voix singulière au grain particulier de Kim Churchill se fait sentir moins forcée sur Silence/Win, se montrant même plutôt sensible par moments. C’est notamment l’emploi d’une sublime voix de tête, par exemple dans les touchantes «Window to the Sky» et «Only Time Can Take You On», qui permet cette sérénité se dégageant de l’opus, alors que les deux premiers projets de l’artiste se voulaient plus rock, plus intenses et percutants. Il est maintenant agréable d’apprécier les subtilités dans la voix et dans les textes de Churchill sans se perdre dans les cris poussés, les guitares électriques omniprésentes et les solos animés.

Car le musicien est un virtuose, on ne peut le nier, et cela s’entend sur l’opus malgré tout, particulièrement sur «Backwards Head». Utilisant sa guitare également comme instrument de percussion, faisant résonner les harmoniques tout au long et frappant les cordes plutôt que les pinçant, Kim Churchill prouve une fois de plus sur ce morceau qu’il connaît son instrument de fond en comble et il serait surprenant qu’il trouve une nouvelle façon de l’exploiter.

Il joue d’ailleurs avec diverses influences sur l’album, explorant davantage encore son folk-blues des premiers jours, allant même vers un son un peu plus reggae. «Canopy», avec son harmonica au timbre vieillot, presque western, et absolument jouissif lors de son solo, présente de plus une guitare rythmique au jeu à contretemps qui contribue à créer l’ambiance festive et particulière du reggae. C’est sans oublier «Fear the Fire», dont le début laisse à entendre un violon et une guitare qui se complètent tout en rappelant le son de la cithare, ce qui crée un son aux sonorités indiennes.

Tout au long de l’opus, Churchill n’hésite donc pas à présenter une variété d’instruments, allant des guitares acoustiques à électriques, en passant par le piano, le violon, l’harmonica et même les trompettes, qui terminent de dynamique façon «Window to the Sky». Ils servent même à créer une belle dichotomie sur «Rage», une chanson très douce avec ses grands violons et sa guitare acoustique mélodieuse, qui porte même à la réflexion avec des paroles comme «Nothing seems to stay the same and nothing seems to move», ce qui contraste avec son titre.

Cette pièce pave toutefois la voie à une finale apaisante, grâce à «Somedays the Rain May Fall», dont la guitare acoustique calme et la trompette et l’harmonica doux accompagnent bien la voix un peu planante de Churchill, laissant une sensation de sérénité et d’exaltation. C’est sans doute la satisfaction que l’on ressent à la fin d’un beau voyage, après avoir vu tout ce qu’on voulait voir, ou dans ce cas-ci, entendu tout ce que l’on voulait entendre.

Le troisième opus de Kim Churchill, Silence/Win, est lancé sous l’étiquette Fontana North ce mardi 1er avril 2014. Il est en tournée au Canada jusqu’à la mi-avril. Pour consulter les dates de ses spectacles, consultez le www.kimchurchill.com/shows.

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