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«Shields» de Grizzly Bear: sublime et tout en subtilités
Après trois albums qui, à chaque fois, ont démontré une évolution musicale considérable, Grizzly Bear s’installent confortablement en tant qu’incontournables de la musique rock avec Shields, quatrième effort du groupe. Et, comme à leur habitude, on doit y mettre un peu du sien afin d’en récolter les fruits.
Alors que Veckatimest (leur album précédent) contenait plusieurs pièces à saveurs plus pop, Shields n’offre aucune chanson qui peut rivaliser avec les plus accessibles du groupe. Alors que cet aspect peut s’avérer décevant aux premières écoutes, la profondeur incroyable de la musique de Grizzly Bear fini par nous séduire après quelques temps. Et il devient difficile de se passer du disque une fois qu’on l’a apprivoisé.
«The Hunt» est l’exemple parfait: chanson folk un peu lancinante qui semble ennuyante au départ. Par contre, elle se révèle toujours un peu plus d’écoute en écoute. Cette subtilité dans l’écriture et dans les arrangements donne un son à la fois vague et complexe au groupe. Mais au final, l’effet est cohérent, chaleureux et grandiose.
Il serait toutefois faux d’affirmer que Shields est dépourvu de moments accrocheurs. «Yet Again» ressort définitivement du lot et rappelle un peu Radiohead à l’époque d’Amnesiac (particulièrement «Knives Out»). Plus loin sur le disque, «A Simple Answer» rebondit joyeusement dans nos oreilles avec un rythme typique du quatuor de Brooklyn. Finalement, «Half Gate» et «Sun in your Eyes» mettent fin à l’album sur une note épique; sans contredit deux des chansons les plus ambitieuses que le groupe ait enregistrées.
Musicalement, Shields n’est pas si loin de ce que Grizzly Bear a offert par le passé : un mélange bien à eux de rock, folk et baroque. Les pièces y sont un peu plus poussées, le groupe étant de plus en plus à l’aise avec leur son. C’est d’ailleurs le plus grand accomplissement de l’album: le fait que Grizzly Bear confirme son statut de groupe important et que le succès de Veckatimest n’était pas un coup de chance.
Évidemment, malgré toute la solidité et la constance retrouvées ici, on y manque les quelques chansons magiques telles l’irrésistible «Two Weeks» ou la magnifique «Foreground». Avec le temps, peut-être que Shields sera considéré comme le meilleur de Grizzly Bear; le disque où le band était au sommet de son art. Dans l’immédiat, il m’apparaît juste en dessous de Veckatimest, mais qu’on se le tienne pour dit: Grizzly Bear est un groupe à redécouvrir à chaque parution.
Appréciation: ****
Crédit photo: http://grizzly-bear.net
Écrit par: Mathieu St-Hilaire
Explorateur de l'espace-temps musical
Détenteur d’une maîtrise sur l’histoire de la musique punk et post-punk en Angleterre, Mathieu s’est joint à l’équipe de Bible urbaine en juillet 2012.
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