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Crédit photo : Julia Marois
Nous l’avons mentionné plus haut, la musicienne vient tout juste de terminer une tournée européenne en compagnie de Mehdi Cayenne qui l’a menée à faire des concerts à travers les vieux pays presque tous les soirs du 1er au 30 mars dernier. Selon elle, les morceaux, et surtout le spectacle lui-même, ont beaucoup évolué depuis le début de la tournée. «On ne joue pas toujours les mêmes chansons dans le même ordre, et les histoires que je raconte sont en perpétuelle évolution. Raconter des histoires fait intégralement partie de notre spectacle.»
Même si nos cousins ont semblé bien apprécier son folk bluesy, il y a eu un léger temps d’adaptation pour Samuele. «Au début, je pensais que les gens n’aimaient pas, mais je me suis rendu compte que leur façon d’exprimer leur enthousiasme est simplement différente. Pas meilleure ou pire, mais différente», explique-t-elle. Le choc culturel est surtout venu du constat que les rôles et stéréotypes de genres sont ancrés beaucoup plus profondément en France qu’au Québec. J’ai un peu eu l’impression d’être un OVNI avec ma façon de m’exprimer sans tabou et d’occuper l’espace sans m’excuser (ie jaser de mon coming-out et faire des solos de guitare debout sur les tables).»
Il faut dire qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, Samuele! Elle n’a pas peur d’attaquer des sujets comme le féminisme, le genre, la sexualité et le militantisme, et ce, à travers ses textes, mais aussi avec ses interactions avec la foule.
Est-ce que sa plume brûle d’envie d’écrire de nouvelles pièces maintenant que le féminisme et le consentement sont un sujet chaud d’actualité? «Plus que jamais! C’est exaltant pour moi de voir la conversation s’ouvrir en même temps que les consciences. Il y a beaucoup de trucs qui me font crier de joie et de colère autour de la façon dont la conversation se passe, et j’en suis encore à absorber le tout», raconte-t-elle.
«Je n’ai pas envie de joindre la conversation sur l’espace public, elle est souvent trop rapide et superficielle. Pour moi, c’est une conversation qui se passe un peu à tous les jours et le consentement, le féminisme et le Queer sont au centre de mes réflexions, et ça finit par s’inclure dans un peu tout ce que j’écris.» Il faut tout de même mentionner que Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent est surtout un album de chansons d’amour bien senties, quoique bien saupoudré de textes engagés.
Cette âme militante a mené Samuele à se pencher sur la question de l’inclusivité en culture. Après une rencontre avec une personne sourde qui l’a sensibilisée à l’inaccessibilité des spectacles vivants pour les membres de la communauté sourde et malentendante, elle s’est mise à la recherche d’interprètes qui pourraient traduire son projet pour Coup de coeur francophone en langue des signes québécoise (LSQ). C’était en novembre dernier, mais le souvenir est encore frais dans sa mémoire. «Les interprètes Marie-France Sabourin et Annick Morisson ont fait un travail impressionnant d’interprétation. Mine de rien, traduire de la poésie, c’est plutôt monumental comme projet.», se souvient-elle.
Cette attention a même amené un nouveau public à découvrir sa musique. «Avec l’aide de la fondation des sourdEs du Québec, on est allé chercher la communauté, et le tiers de la salle était occupé par des personnes sourdes ou malentendantes. Ça change une vibe! C’était une super expérience pour nous et illes ont eu l’air d’apprécier.» Elle souligne également que les personnes sourdes et malentendantes sont souvent ostracisées et infantilisées et que plusieurs personnes du public sont venues parler au groupe après le spectacle. «Il y a encore beaucoup de pont à construire entre entendantEs et malentendantEs, mais c’est clair qu’il n’y a pas besoin d’entendre toutes les fréquences pour apprécier la musique vivante.»
Un prix des plus prestigieux
Lors de son passage en Europe, Samuele a également eu la chance de remporter le prix Coups de Coeur chanson, remis par l’Académie Charles Cros, à Genève. Elle est l’une des rares québécois.es à l’avoir reçu, un honneur partagé par Félix Leclerc, Klô Pelgag, Robert Charlebois et Michel Rivard. Même si elle ne connaissait pas l’Académie Charles Cros avant de recevoir le prix, Samuele en reconnait maintenant l’ampleur. «C’est un truc super prestigieux, et c’est un peu surréel de voir son nom dans une liste comme celle-là, mais ultimement, ça ne se compare pas pour moi au sentiment que j’ai quand quelqu’un me dit qu’il/elle écoute l’album en boucle dans son auto ou qu’il ou elle est revenue voir mon spectacle plusieurs fois.»
Que vous ayez déjà vu, ou pas, la tournée Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent, nous vous suggérons grandement d’aller faire un tour au Théâtre du Vieux-Terrebonne le 21 avril pour attraper Samuele en spectacle. Pour réserver vos billets, visitez le www.theatreduvieuxterrebonne.com. C’est un spectacle à ne pas manquer!
*Cet article a été produit en collaboration avec le Théâtre du Vieux-Terrebonne.