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Crédit photo : www.facebook.com/pages/EX-HEX
Ex Hex est composé de trois musiciennes désormais expérimentées: la chanteuse et guitariste Mary Timony (Helium, Wild Flag), la bassiste Betsy Wright (Fire Tapes) et la batteuse Laura Harris (Aquarium). Ce n’est qu’au début de l’année en cours que le groupe a été révélé, lorsque le single «Hot and Cold» a été rendu disponible sur le Web. Puis, produit furieusement – deux semaines seulement auront suffi au printemps dernier – Rips est paru à la fin octobre sous l’étiquette Merge.
Inspiré par le punk, le power pop et le glam rock, Ex Hex constitue une valeur sûre pour ceux qui raffolent de chansons effrénées et emballantes et de paroles vindicatives juste assez mesquines. Réunissant 12 pistes, mais franchissant à peine le cap des 35 minutes, il s’agit là d’une œuvre efficace.
En écoutant Rips, on est habité tout entier par un sentiment d’inévitabilité enivrant. Les pièces frappent fort: elles renferment des accords de guitares électriques déterminés qui impressionnent, des percussions rapides et convaincues qui entraînent, des refrains et chœurs qui trottent longtemps dans la tête ensuite.
Le timbre grave et détaché de Mary Timony épouse parfaitement le style musical. Jamais la chanteuse n’a paru aussi confiante que sur cet album, on la découvre entre amusée et belliqueuse. La voix et les textes mélodramatique qui teintaient son vieux groupe d’alt rock Helium et ses albums solos ne sont plus et la nouvelle Timony dévoilée apparaît rafraîchissante.
Sur «Waterfall», à la fois moqueuse et résistante, elle chante notamment: «I like to watch you roll and roll/You took me to a party and you hid behind a door/Then you stole my wallet and passed out on the kitchen floor/It’s a chemical reaction/I want to show you fake affection».
Parmi les meilleurs coups de cet album, on retient l’entrée en la matière, «Don’t Wanna Lose» et le single «Hot and Cold», brutes et accrocheuses, qui empruntent des pièces de puzzles à tous les «X-Offender», «I Wanna Be Sedated» et «Personality Crisis» de l’ère punk.
Et si on pense que les influences passées s’arrêtent là, détrompez-vous, parce que les deux titres dont hérite Betsy Wright auraient, en revanche, rencontré un franc succès entre 1978 et 1984. «How You Got that Girl» et «Radio On» côtoient de près les hits mémorables produits par les Cars et les Pretenders à cette même époque. Même si Wright n’a pas le magnétisme vocal de Timony, mentionnons ici qu’elle se tire d’affaire avec brio.
Les riffs de guitares demeurent généralement simples et répétitifs, et Timony joue le plus souvent une coche en-dessous de ses capacités, sauf exceptions. En effet, sur «Everywhere», soulignons-le, ses solos sont explosifs. Ses prouesses concluent de manière persuasive cet album, qui se veut l’un des plus réjouissants sortis en 2014. Disons, pour terminer, que ce trio de filles nous a jeté par terre avec ce premier LP et qu’on a aimé être tiraillé, bousculé. Apparemment d’ailleurs que les prestations en concert déplacent beaucoup d’air…
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de la rédaction