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Le 29 mai dernier, Regina Spektor a lancé son nouvel album What We Saw from the Cheap Seats. L’opus, sans se différencier énormément de ce qui a fait la renommée de Spektor, est fort intéressant et possède une couleur complètement différente de ce que l’on entend sur la scène musicale alternative actuelle.
D’abord, une introduction peut être requise pour les gens qui n’auraient pas encore découvert la chanteuse russo-américaine. D’abord une pianiste extraordinaire, Spektor aime jouer dans le lyrisme abstrait et parfois dépourvu de sens. Comme une peintre, elle a toujours laissé la place à l’interprétation de celui qui écoute sa musique plutôt que d’imposer sa propre vision.
Une artiste dans le vrai sens du terme, cette vision ou cette liberté lui permet de se laisser aller dans des sons ou des approches musicales hors de l’ordinaire. Avec cette logique, Regina Spektor a toujours été une artiste alternative quelque peu à part des autres.
Ce nouvel opus de Spektor ne s’éloigne pas des forces de l’auteure-compositeure-interprète, bien au contraire. La voix et les intonations de la chanteuse nous font vivre les chansons et il est difficile de les écouter sans être touché d’une manière ou d’une autre par cette musique de grande qualité. «Ballad of Politician» est le meilleur exemple des expressions de Spektor. Elle ne chante pas les paroles de la chanson, mais semble plutôt vivre l’histoire qu’elle raconte. Si elle chante aigu, si elle crie fort, c’est que c’est pertinent dans sa musique. Et le doux piano qui complète le tout frôle la perfection.
Comme l’eau d’un ruisseau qui fait flotter un petit voilier!
Les ballades de What We Saw from the Cheap Seats se suivent mais ne se ressemblent pas nécessairement. Spektor, semblant vouloir pousser son art subtilement petit à petit, innove dans sa musique. Même si le piano est omniprésent, on découvre une nouvelle utilisation de nouveaux instruments dans plusieurs chansons. C’est dans «The Party» qu’on peut profiter de cette musique de band avec de nombreuses cymbales et tambours, et même du gazou! Et, tout au long de l’opus, vous pourrez entendre tubas, trombones et autres cuivres qu’on entendait très rarement sur les albums précédents.
Spektor, fidèle à son habitude, réussit à émouvoir dès la première écoute, et ce, même si certaines chansons sont plus out there que d’autres. Il y «Oh Marcello», où Spektor fait des percussions avec sa bouche, ou encore «Open», où on l’impression qu’on a enregistré quelqu’un en train de se noyer.
Globalement, si vous avez eu la réaction «Yes, Regina a fait un nouvel album!», vous ne serez pas déçu. La pianiste livre la marchandise avec brio et assurance, et, même si l’album peut parfois sembler juvénile, (pensez à Cœur de Pirate à cause de la petite voix soprano de Spektor), la maturité de la musique de Regina Spektor couvre beaucoup plus les petites faiblesses que celles de la jeune Béatrice Martin.
Si vous cherchez un petit quelque chose de différent, vous adorerez cet album, tout simplement.
Appréciation: ****1/2
Crédit photo: Warner Music
Écrit par: Pierre-Alain St-Laurent