«Push the Sky Away» de Nick Cave & the Bad Seeds – Bible urbaine

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«Push the Sky Away» de Nick Cave & the Bad Seeds

«Push the Sky Away» de Nick Cave & the Bad Seeds

Du grand art

Publié le 2 avril 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.nickcave.com

Près de 5 ans après avoir livré le colossal Dig, Lazarus, Dig!!!, Nick Cave et sa bande nous reviennent avec un quinzième album, Push the Sky Away. Malgré le long délai, Cave s’est quand même tenu occupé, notamment avec son excellent projet Grinderman, qui a donné naissance à deux albums. Ici, il retrouve tout son groupe, à l’exception de Mick Harvey, son fidèle acolyte avec qui il était associé depuis 1983.

La réputation du groupe australien n’est plus à faire. Né en 1983 suite à la mort du mythique The Birthday Party, formation chaotique post-punk ou goth-blues menée par Cave, Nick Cave & the Bad Seeds enregistre des albums depuis trente ans et il est rare de trouver des failles dans leur discographie. Les fans seront rassurés avec Push the Sky Away, un disque d’une surprenante élégance où l’on remarque un Nick Cave certes plus posé mais toujours aussi illuminé.

On ne retrouve pas de «From Her to Eternity» ou de «The Mercy Seat», chansons qui repoussaient les limites de ce que peut être une chanson pop et qui font encore dresser le poil sur les bras des décennies plus tard. Les premières notes entendues donnent plutôt dans la délicatesse et même la sensualité. On pourrait pratiquement confondre avec un album d’Air tellement l’ambiance est feutrée. Ceci étant dit, «We No Who U R» est un excellent choix pour débuter le tout, car elle nous accroche et nous laisse pénétrer lentement dans l’univers musical plus somptueux que les albums précédents.

Cave s’est toujours intéressé aux côtés plus sombres du comportement humain à travers ses textes. Il aime, justement, être témoin des travers de l’être humain. Il poursuit ici ses habitudes avec panache, notamment avec la sublime «Jubilee Street», où le narrateur entretient une relation houleuse avec une prostituée: «On Jubilee Street / I oughta practised what I preach / These days I go down town in my tie and tails / I got a fœtus on a leash». Qu’on le veule ou non, peu de paroliers savent illustrer les pulsions malsaines et perverses de l’homme comme Nick Cave.

Ensuite vient «Mermaids», une autre réussite où on a vraiment l’impression de naviguer sur des eaux calmes, mais avec un épais brouillard qui trouble l’horizon. Encore une fois, les paroles y sont géniales: «I was the match / That would fire up her snatch / But there was a catch / I was no match / And I was fired from her crotch / Now I sit around and watch». Dans une certaine mesure, il n’y a que Nick Cave pour arriver avec des lignes aussi directes et en même temps très étoffées.

Musicalement, on y retrouve beaucoup d’orchestrations et d’arrangements fignolés pour un album des Bad Seeds. Même après trente ans, le groupe réussit encore à surprendre ses auditeurs et les effets se font ressentir dans leurs compositions. Des pièces comme «Water’s Edge» et «We Real Cool», bien qu’elles débutent avec un rythme de bass menaçant, n’éclatent pas au grand jour dans des morceaux très rock, mais évoluent plutôt dans une ambiance retenue où les arrangements ajoutent juste assez de tension.

Au final, la chanson titre conclut l’album de superbe façon. Bien que ce soit l’un des albums les plus raffinés et tranquilles des Australiens, Nick Cave rappelle que le rock n’ roll, peu importe sa forme, doit toucher à l’âme avant toute chose: «And some people say that it is just rock n’ roll / Oh but it gets right down to your soul / You’ve gotta just keep on pushing / Push the sky away». Et s’il existe un homme qui sait de quoi il parle, c’est bien lui.

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