«Piñata» de volcano!: pop d’avant-garde – Bible urbaine

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«Piñata» de volcano!: pop d’avant-garde

«Piñata» de volcano!: pop d’avant-garde

Publié le 22 juin 2012 par Louis-Jean Trudeau

Défiant toute catégorisation depuis leur arrivée sur la scène indie de Chicago, la formation art-pop volcano! nous livre un troisième album complètement déjanté qui allie l’exubérance théâtrale de Wild Beasts au côté plus exploratoire de Deerhoof.

Les gars de volcano! se spécialisent dans la conception de chansons festives de champ gauche. Musicalement,  tous les ingrédients sont en place pour faire des hits: batterie dansante, clavier groovy et guitare rythmique aux accents afro-pop. Cependant, les structures de chansons imprévisibles et les performances vocales hautes en couleur d’Aaron With relèvent d’un univers beaucoup plus surréaliste. Le trio manipule et réorganise les tropes de la pop conventionnelle pour arriver à des résultats déroutants.  À cet égard, volcano! fait penser à une version futuriste des Talking Heads.

Les textes de Piñata sont aussi colorés que l’instrumentation. La chanson titre de l’album renverse l’expérience habituellement jubilatoire de la destruction d’une piñata en racontant l’histoire du point de vue de la victime: la pauvre piñata. C’est un délire narratif parmi tant d’autres sur un album qui traite de la vie des enfants vedettes («Child Star») et des périls de jongler avec des citrons («So Many Lemons»). With nous entretient de ses préoccupations désopilantes, tout en nous livrant sa meilleure imitation de David Byrne sur l’ecstasy, passant à travers tous les registres vocaux possibles en l’espace d’une chanson.

Détour inattendu au centre de l’album alors que volcano! met la pop expérimentale de côté le temps de deux morceaux beaucoup plus sombres et atmosphériques. «I wish I could turn my hands into knives», entonne With sur «Fighter», alors que le groupe ralenti la cadence et laisse la tension monter avant d’engloutir la chanson dans une finale où solos de guitares approximatifs et synthés distorsionnés s’affrontent dans une lutte sans merci. «St. Mary of Nazareth» continue dans la même lignée. Des accords de guitare mineurs et une rythmique inventive se rencontrent sur fond d’exploration spatiale, avant d’aboutir à une conclusion beaucoup plus upbeat qui ramène Piñata vers son point d’origine.

Le groupe est peut-être originaire de Chicago, mais Piñata est un album qui s’inscrit parfaitement dans le mouvement pop d’avant-garde qui secoue le circuit indé en Angleterre, et ce, grâce à des formations comme Everything Everything, WU LYF et Wild Beasts. L’originalité et l’imagination priment sur les formules établies, sans pour autant délaisser les hooks et les refrains. Avec l’été qui se montre le bout du nez, volcano! nous offre une collection de chansons idéale pour les soirées entre weirdos et obsédés musicaux.

Appréciation: ***½

Crédit photo: www.spin.com

Écrit par: Louis-Jean Trudeau

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