MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Emerik St-Cyr Labbé
1. Noémie, on aimerait apprendre à mieux te connaître pendant cette entrevue. Peux-tu nous expliquer un peu qui tu es et quel est ton rôle au sein de l’industrie musicale?
«Je suis née le 23 mai 1993 dans ma propre chambre d’enfant à Ville Saint-Laurent. J’ai temporairement 24 ans, mais de manière astrologique, je resterai gémeau ascendant bélier. J’ai donc plusieurs personnalités plus honnêtes les unes que les autres.»
«J’ai souvent été présidente de classe, parce que je voulais organiser toutes sortes de spectacles. À dix ans, je regardais en boucle les films Red Hot Chili Peppers Live at Slane Castle, Genesis In Concert ou Pink Floyd: The Wall. Je mettais dans le tapis les deux premières minutes de «Money For Nothing» des Dire Straits pour faire du air guitar avec la Fender Jaguar de mon grand frère.»
«J’étais obnubilée par la vidéo de ski de mon autre frère à cause de la chanson «The Funeral» de Band of Horses en trame sonore. Je présentais au moins dix numéros de chant, de danse, de plongeon ou de gymnastique par semaine, mais ça virait souvent en sketchs d’humour. En tout cas… Je ressentais tout ça dans mes tripes. Dès mon jeune âge, la musique m’a fait vivre de grandes émotions. Et mon sens de l’autodérision est en très bonne santé.»
«J’aime les relations humaines, les changements de dernière minute, les imprévus, les challenges, les nuits blanches, l’action, la découverte, les sensations fortes… C’est ce qui m’a menée à devenir gérante et agente de spectacles. Je travaille pour des artistes basés à Montréal. Ce sont les plus belles bibittes.»
«Je porte plusieurs chapeaux en même temps et je m’implique à plein de niveaux. Overall, je négocie, je représente, j’organise, je planifie, je développe, j’observe, j’analyse, je propose. Je visualise le big picture et je suis souvent première répondante. J’offre des services sur-mesure. J’aime moins l’administration, mais ça ne m’empêche pas d’en faire pas mal pareil. Ma vie est drôlement organisée, mais je suis pas pire pour gérer celle des autres.»
«J’intègre des projets assez tôt dans leur évolution parce que quand j’y crois, je me lance tête baissée. À date, j’ai toujours été la première à remarquer des artistes prometteurs. Avant que l’industrie se réveille! Y paraît que je flaire le bon vent. Je tiens à m’impliquer dans la vision globale pour réfléchir aux moyens d’atteindre nos objectifs. J’ai tendance à vouloir faire les choses autrement, hors des circuits traditionnels. Je cherche à développer des idées nouvelles dans tout ce que j’entreprends. Et je m’entoure de moutons noirs.»
2. Quel parcours as-tu suivi pour arriver à occuper cet emploi dans le milieu?
«Tsé, quand on dit apprendre sur le terrain ou sur le tas? Je peux dire que je fais partie de cette famille-là. Même si j’ai toujours été complètement zélée à l’école, j’ai eu un parcours de décrochage scolaire une fois rendu à l’Université de Montréal en musicologie. Je n’ai pas pensé d’avance que j’allais arrêter mes études, mais instinctivement j’ai constaté que j’étais prête à me consacrer pleinement à mon travail autonome. Depuis, je vais chercher des formations, j’assiste à des conférences, je participe à des colloques, je parle à du monde. C’est l’école à la carte. Je me suis revirée de bord assez rapidement.»
«Ma tasse de thé a toujours été les comités culturels et les projets artistiques. Même si j’ai eu du fun à faire mes cours de chimie et physique jusqu’au cégep. D’ailleurs, j’ai cru que je m’en irais en médecine ou en droit jusqu’à ce que la radio étudiante du Cégep Saint-Laurent vienne chambouler mes plans.»
«Tout a commencé avec mon émission Malayalam que j’ai animée pendant deux ans. Ma culture musicale a explosé. Je me suis mise à traîner dans les bars-spectacles pour aller découvrir la scène montréalaise. À ce moment-là, j’ai fait connaissance avec le Il Motore, le Divan Orange, le Quai des Brumes, l’Esco, l’Escalier, l’Absynthe, le Korova, les Katacombes, etc.»
«À CRSL, j’étais en charge des relations externes et des communications. On organisait beaucoup d’événements et on invitait toujours des bands. C’est là que j’ai commencé à faire ce qu’on appelle du booking. J’ai accumulé de l’expérience et j’ai rencontré du beau monde comme la gang de Poulet Neige et du Festival Artefact. En parallèle à la radio, j’ai travaillé pour eux et ça m’a donné le guts d’aller plus loin. J’ai aussi été engagée à la Vie étudiante du Cégep Saint-Laurent pour développer des projets et des événements.»
«Pendant la grève étudiante de 2012, Le Winston Band est venu au monde. À ce moment-là, je commençais à avoir quelques cordes à mon arc et je connaissais déjà bien les gars. Il faut dire que je sortais avec le guitariste depuis quelques années, ce qui m’a assuré un respect inconditionnel de leur part (rires).»
«Au début, j’organisais des tournées complètement DIY. C’était très cowboy. On a fait du camping en masse pis tout le monde était willing. Ça n’a pas été long que Le Winston se retrouvait dans les programmations de beaux festivals comme le Festif! et le Festival du Bout du Monde. À travers l’évolution du groupe, je me suis lancée là-dedans sérieusement et j’ai mis le nez dans le monde de la gérance. J’ai décidé de m’y mettre pour vrai.»
«Puis j’ai rencontré Les Guerres D’l’Amour. Je me suis occupée du booking avec Julia Blais pendant un bout. Elle m’a transmis énormément de connaissances. Caltâr-Bateau et moi, on s’est trouvé en 2015 et on a commencé à travailler ensemble dans le cadre du lancement de La bavure des possessions. Dans la même période, Lydia Képinski m’a écrit parce qu’elle voulait comprendre les mécanismes de la musique émergente au Québec. Quand j’ai entendu Mon Doux Saigneur au Quai des Brumes, j’ai pas hésité à aller lui dire que je voulais l’aider. Même chose pour Mélanie Venditti que j’ai approchée plus récemment. J’ai aussi collaboré avec Les Louanges et Nicolet au fil de mon parcours.»
«Je suis à mon compte depuis bientôt quatre ans et j’en apprends encore à tous les jours à travers les expériences qui s’enchaînent. J’ai la chance d’être entourée de gens qui me transmettent leur savoir et leurs compétences avec plaisir. Il y en a beaucoup qui m’inspirent. Bien humblement, c’est sûr que je vis encore beaucoup de premières fois, mais je peux dire que je développe assez d’outils pour conseiller sur toutes sortes de questions. Et je cherche toujours à me perfectionner dans ce que je fais tout en gardant une ligne directrice qui me distingue.»
Découvrez les moments marquants de Noémie cette année, ses coups de coeur et ses projets pour l’avenir à la page suivante!