MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Eva Lépiz
1. Diplômé du Conservatoire de musique de Montréal et membre du NEM depuis 1998, tu as une feuille de route plutôt impressionnante comme musicien et corniste professionnel, professeur et chargé de cours. D’où part ta passion pour la musique contemporaine?
«J’ai toujours eu le goût de découvrir et d’expérimenter toutes les facettes de la musique. Déjà, quand j’étudiais au secondaire, les musiques modernes comme le jazz et ses évolutions me passionnaient. Cette passion m’a permis de développer une certaine connaissance en musique contemporaine et dans tous les autres styles.»
«Le hasard a voulu que mon premier contrat professionnel, celui pour lequel je suis devenu membre de la guilde des musiciens, soit un enregistrement pour la radio d’une création contemporaine du compositeur québécois André Villeneuve. Eh oui, il n’y a pas si longtemps, on pouvait entrer en studio pour enregistrer de la musique pour des émissions diffusées à la radio!»
2. Qu’est-ce qui t’a attiré chez le cor pour que tu décides d’en faire ton instrument de prédilection et quelles qualités celui-ci exige-t-il pour en jouer de belle façon?
«À 13 ans, après un an de clarinette (qui ne m’allait pas très bien), j’ai fait comme plusieurs adolescents et j’ai suivi mes amis… qui commençaient l’étude du cor. Je n’ai jamais pu m’en défaire! Le cor est réputé difficile. Après beaucoup d’encouragements… et de découragements, j’en ai fait mon métier. J’adore sa sonorité, chaude et ronde. La polyvalence de l’instrument fait qu’il se marie bien aux autres familles d’instruments. Par exemple, à l’orchestre, notre rôle se situe quelque part entre les cuivres, les bois et les cordes. Son côté caméléon m’a séduit!»
3. Quelles sont les pièces classiques au sein du répertoire contemporain où le cor est à l’honneur et qui te procure le grand frisson chaque fois que tu les entends?
«España de Vitaly Bujanovsky pour cor solo. Probablement la première œuvre de musique contemporaine qui m’a fait comprendre toutes les possibilités techniques du cor. Il y a aussi le trio pour cor, violon et piano de György Ligeti. Une œuvre sérieuse mais empreinte de poésie. Le lien entre l’écriture classique et l’exploration.»
«James Wood, Journey of the Magi, une pièce pour grand ensemble où le cor est souvent mis de l’avant. Cette œuvre fut créée par le NEM et les Percussions de Strasbourg en 2000. La pièce utilise la spatialisation des interprètes (les musiciens jouent sur la scène, mais aussi en coulisse et parmi l’auditoire) ainsi que des instruments inusités tels que des conques (premiers ancêtres du cor). Ceux-ci répondent aux appels du cor en début de pièce; un beau dialogue entre le passé et le présent.»
4. Le Nouvel Ensemble Moderne présente l’évènement FORUM des jeunes compositeurs, un laboratoire de création musicale où huit compositeurs prendront part à l’aventure jusqu’aux deux concerts en clôture les 24 et 25 novembre. Qu’est-ce qui t’a plu le plus au cœur du programme cette année?
«La variété d’approches musicales! On passe du bruitisme, à la musique en huitième de ton, aux tendances minimalistes ou plus mélodiques. C’est toujours intéressant d’observer ce qui intéresse la relève (je n’aime pas beaucoup ce terme, car plusieurs d’entre eux ont déjà une carrière bien engagée!). Ces compositeurs représentent la continuité et la recherche ou se situent quelque part entre les deux. J’apprécie toujours le contact avec ces jeunes qui nous poussent hors de notre zone de confort. Nous avons aussi la chance de partager notre expérience et de pouvoir leur donner quelques conseils. Tout le monde y gagne!»
5. Quels sont les projets musicaux qui t’occupent actuellement et as-tu déjà des plans pour 2017 dont tu peux nous faire part?
«Beaucoup de projets se dessinent pour la prochaine année. Plusieurs restent à confirmer. Certains organismes ne seraient pas très fiers de moi si je révélais leurs secrets!»
«J’ai très hâte de participer à la création de l’opéra The Wall à l’Opéra de Montréal en mars prochain. Très curieux de voir ce projet prendre forme. J’adore Chostakovitch. À l’Orchestre symphonique de Laval, nous jouerons son premier concerto de violoncelle avec Stéphane Tétrault. En bonus, l’œuvre offre un rôle important au cor!»
«Enfin, au concert de fin de saison du NEM, nous jouerons le concerto de piano de Ginastera arrangé par François Vallières pour le NEM et Jimmy Brière. François, qui nous a brillamment réorchestré le Sacre du Printemps l’an dernier, récidive cette fois avec Ginastera. Également au programme, une création d’André Hamel et les Folk Songs de Luciano Berio. À voir et à entendre!»