«À Paradis City» de Jean Leloup – Bible urbaine

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«À Paradis City» de Jean Leloup

«À Paradis City» de Jean Leloup

Prendre conscience du point mort

Publié le 16 février 2015 par Valérie Lachaîne

Crédit photo : Grosse Boîte et Virginia Tangvald

C’est après presque six ans d’absence que Jean Leloup nous revient avec un huitième album en son nom. Déjà classé meilleur vendeur canadien, le vétéran nous raconte des histoires, nous fait voyager à travers le temps et l’espace, mais reste surtout fidèle à lui-même sans jamais perdre une once de pertinence sur ce dernier opus.

D’emblée, on reconnaît clairement la musique, les intonations et les refrains en répétition à la Leloup. Bien entouré en studio avec le batteur Alain Bergé, le claviériste Carl Bastien et le contrebassiste Martin Roy, le chanteur ne s’est pas modifié pour être à la mode et garde plutôt son style intemporel. Album sans flafla ni chichi, la guitare est au premier plan, les beats sont parfaits pour marcher ou pour sortir la guitare autour d’un feu, spécialement sur «Zone zéro», qui se prête bien au chant en gang au karaoké ou au chalet, et ce, malgré son texte plutôt noir. Et c’est ce que l’artiste recherchait en livrant gracieusement ses accords dans le livret de l’album.

Il s’agit certainement de l’album qui se rapproche le plus de Milles excuses Milady et La vallée des réputations. Quelques chansons semblent même être écrites sur les mêmes accords, tel est le cas de «Le voyageur» qui ressemble beaucoup trop à la chanson «Milles excuses Milady» de l’album du même nom. La plus courte mais ô combien poignante «Feuille au vent» n’est pas sans rappeler «Recommencer», évoquant un très grand sentiment de tristesse d’homme perdu. Sentiment qui se propage un peu partout sur l’album.

Jean-Leloup-Virginia-Tangvald-A-Paradis-City

À vrai dire, les chansons d’À Paradis City, composées depuis les dix dernières années au fil des rencontres et voyages en Amérique centrale de Leloup, adoptent des allures de party alors qu’elles sont profondément sombres. On y retrouve encore une fois des corbeaux, des gens en quête de quelque chose, et la mort et l’échec errent à chaque tournant. Paradis City, c’est l’endroit qu’on cherche tous, mais qui n’existe pas, comme en conclut Leloup sur «Zone zéro» la dernière chanson de l’album. 

On sent que Jean Leloup a eu une grosse prise de conscience sur cet album. Résultat d’un artiste qui est allé au bout du monde pour en revenir bredouille. D’un gars qui s’est pété la gueule plusieurs fois en se cherchant. D’un enfant qui n’était pas prêt à devenir un adulte, avec tout ce que ça implique. Du sens de la vie, de ses deadlines et de la mort qui nous suit partout, malgré nous.

C’est beau et triste à la fois de te savoir de retour aussi conscient, Jean.

L’album, sous l’étiquette Grosse Boîte, est en magasin depuis le 3 février. Le vinyle d’À Paradis City sera disponible le 25 février.

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