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Vous l’avez probablement connu grâce à son extrait-succès «Une rose noire» qui s’est emparé des ondes radiophoniques en 2007. Montréalais de souche, Paul Cargnello a ce je-ne-sais-quoi qui rend sa musique irrésistible. Peut-être est-ce parce que ses compositions se démarquent du répertoire québécois, amenant un vent de fraîcheur dans nos oreilles, ou parce que la transparence désarmante de ses propos fait de ses chansons un tourbillon authentique et très humain. En tout cas, une chose est indéniable: son talent bien singulier vient toucher le cœur et l’esprit dans une simplicité et une créativité sans bornes avec son tout nouvel opus Papa Paul.
Paul Cargnello a fait ses débuts en tant qu’auteur-compositeur-interprète anglophone en fondant le groupe punk The Vendettas (1996-2001) mais il a rapidement adopté la langue de Molière pour ses albums solo. Malgré tout, Cargnello se donne la liberté d’offrir aux auditeurs de son album deux titres en anglais, dont «All My Heroes» qui débute en force sa troisième galette. La pièce rock vintage très efficace raconte la déception que peuvent causer nos héros lorsqu’on se rend compte qu’ils sont plus humains qu’on ne le croit. «All my heroes had flaws, all my heroes broke laws, I hate all my heroes now like I love them now and then», chante-t-il avec désinvolture. Il suffit d’une seule écoute pour se sentir un peu bad ass.
Ce sentiment s’efface tout de suite pour faire place au désir qui émane du deuxième extrait «L’Effet que tu me fais». Préparez-vous à danser, car ce sont les effets secondaires du rythme funky qui soutiennent la mélodie. Les cuivres utilisés donnent un effet très intéressant et sympathique meublant parfaitement l’instrumental. Sans contredit l’un des titres forts de l’album.
«Politicien» nous rappelle l’implication sociale et les positions politiques de Cargnello. Peut-être témoigne-t-il d’un petit goût amer face à nos chefs d’État? C’est à tout le moins un beau reflet de ce que peut penser une partie de la population québécoise et qui arrive pile poil juste après nos élections! Le même leitmotiv revient avec un reggae bien monté pour le titre «Nos propres clichés», qui peut rappeler la récente crise étudiante ayant secoué notre Québec lors de la dernière année. Dans les deux cas ce sont des textes engagés bien assumés qui montrent du doigt les failles de notre système politique.
Une magnifique lettre d’amour semi-acoustique vient alléger l’ambiance et faire sourire l’auditeur. Toutes les filles rêvent de se faire chanter «Dans tes bras, je t’appartiens, dans tes bras je suis le tien», et le simple et charmant titre «Je t’appartiens» est d’emblée très accrocheur. Gageons que vous ne saurez résister à cette mélodie parfaite pour une balade en voiture avec le soleil sur la peau, les fenêtres baissées. L’œuvre se termine par la courte composition très estivale «Lonely Lasting Thing» qui rappelle de près les ballades de Jack Johnson. Les harmonies vocales y sont délicieuses.
Dans l’ensemble, on peut certainement affirmer que Papa Paul est un album réussi; beaucoup de chansons engagées, tristes, honnêtes et romantiques pour ce dernier opus mature signé sous l’étiquette Silence d’or. Sous les treize morceaux se cachent treize belles leçons de vie pour la progéniture du Papa Paul, et un peu pour les auditeurs, aussi. Les arrangements instrumentaux colorés, simples mais efficaces sont fignolés dans les moindres détails pour rendre le tout agréable à l’oreille. Cela faisait un petit moment qu’on n’avait pas entendu parler de Cargnello (depuis Bras coupé en 2009) et il fait bon de le retrouver à la fois dans l’actualité musicale et que dans ses tympans.
Pour souligner l’arrivée de l’album en magasin, Cargnello, accompagné de ses musiciens, offrira à son public une demi-heure de son nouveau chef-d’œuvre le 11 septembre prochain au Lion d’Or à compter de 18h00. Un lancement aura aussi lieu dans la vielle capitale à 18h00 au Cercle. Pour plus d’information, visitez le www.paulcargnello.com.
Appréciation: ****
Crédit photo: www.paulcargnello.com
Écrit par: Émilie Langlois-Pratte