MusiqueCritiques d'albums
«Panorama» de l’auteur-compositeur-interprète Tire le coyote
En plein dans le mille
Crédit photo : www.tirelecoyote.com
De son vrai nom Benoit Pinette, Tire le coyote fait tout d’abord du bien par sa voix: chaleureuse, réconfortante et aiguë sans être agaçante. De quoi rappeler Neil Young, qu’il cite sans doute comme influence. Le coyote fait du folk à saveur blues et country qui nous met immédiatement dans un état de bien-être.
Si ses compositions sont chaleureuses au plan musical, l’auteur-compositeur-interprète étale toutefois ses préoccupations à travers ses textes. Des tourments tantôt personnels, tantôt sociaux. Le résultat est sans doute son album le plus beau et le plus achevé de sa jeune carrière, arrivant à point à travers le paysage un peu aride du Québec présentement.
Après une courte, mais magnifique entrée en matière instrumentale intitulée «À la fenêtre», Tire le coyote enchaîne avec «Ma révolution tranquille», premier extrait où clarinette et slide guitar fondent lentement dans nos oreilles. D’ailleurs, la plupart des pièces s’apprivoisent avec le temps, notamment «Ma Filante», qui emprunte des éléments du vieux blues.
C’est avec «Rapiécer l’avenir» que l’on se retrouve par contre directement au cœur de la fragilité de Benoit Pinette. Probablement la chanson la plus touchante de son répertoire, le musicien de Québec y dresse un constat très mélancolique des erreurs qu’il doit laisser derrière lui: «Une chanson comme un testament / Pour anéantir les erreurs du temps», chante-t-il.
Le thème de l’avenir revient d’ailleurs fréquemment à travers les angoisses que Tire le coyote souhaite raconter. «Les miracles se vendent à rabais», en plus de décocher un jab à Stephen Harper, aborde la crainte évidente de l’auteur d’une société qui bascule vers la stagnation et qui met trop instinctivement le pied sur le frein au lieu de «défoncer barrières et murs».
Sur «Moissonneuse-Batteuse», Tire le coyote cite la gigantesque «This Land Is Your Land» de Woody Guthrie, véritable légende du folk américain qui avait fameusement écrit «This machine kills fascists» sur sa guitare. Parions que Benoit Pinette aimerait bien que sa machine à lui montre la porte à quelques conservateurs.
Explorateur de l'espace-temps musical
Détenteur d’une maîtrise sur l’histoire de la musique punk et post-punk en Angleterre, Mathieu s’est joint à l’équipe de Bible urbaine en juillet 2012.
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de la rédaction
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