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Premier album pour le projet solo de Cole Smith, guitariste de tournée des Beach Fossils, Oshin puise à la source du dream pop des années 1980 et propose une tapisserie musicale envoûtante qui risque de séduire les amateurs de Lotus Plaza et Real Estate.
À la première écoute, la quasi-totalité des chansons d’Oshin semble identique. Même si certaines subtilités se révèlent lors d’écoutes subséquentes, on a souvent l’impression d’être prisonnier d’une publicité d’Urban Outfitters sur repeat. Ceci étant dit, la similitude des chansons aériennes de l’album est de toute évidence un choix conscient de la part du groupe. Le but premier du dream pop a toujours été de maintenir l’auditeur dans un état de rêverie perpétuel. DIIV (prononcé «Dive») atteint cet objectif haut la main en priorisant l’ambiance et les textures plutôt que les structures classiques et les singles potentiels.
L’approche musicale particulière de DIIV est caractérisée par l’assemblage hypnotique de mélodies de guitares aux sonorités ultra-clean. Loin derrière le mur de guitares bien réconfortantes, Cole Smith chante d’une voix presque inaudible, noyée dans un océan de reverb. Les paroles du chanteur sont complètement incompréhensibles et ne font qu’appuyer l’instrumentation. Ces techniques de composition renvoient directement aux beaux jours de Creation Records, mythique label britannique à la croisée des chemins entre la période des groupes dream pop et l’arrivée des formations shoegaze comme My Bloody Valentine et Ride.
Évidemment, les chansons les plus mémorables de l’album sont celles qui réussissent à s’élever au-dessus de la masse vaporeuse qui plane sur Oshin. «How Long Have You Known», un des premiers extraits de l’album, est un des seuls morceaux à offrir un semblant de refrain. Plus tard, «(Druun, Pt.II)» met en valeur la section rythmique du groupe le temps d’un détour Krautrock à la Neu! très réussi. «Wait» se démarque à l’aide d’une surprenante montée de distorsion; possiblement un clin d’œil aux groupes shoegaze mentionnés plus haut. «Doused» sort du lot grâce à son tempo accéléré, sa bassline percutante et une batterie aux allures de drum machine très new wave. C’est de loin la chanson la plus agressive de DIIV et celle qui clôt la plupart de leurs spectacles.
Déjà récipiendaires d’un «Best New Music» de la part de Pitchfork, DIIV et leur dream pop mélodieux vont probablement se faufiler sur plusieurs listes de fin d’année. L’aspect répétitif des chansons et la voix presque inexistante de Cole Smith ne vont pas plaire à tout le monde, mais la démarche artistique et les influences peu communes du groupe font d’Oshin un album rafraîchissant qui mérite l’attention des mélomanes.
Appréciation: ***
Crédit photo: www.capturedtracks.com
Écrit par: Louis-Jean Trudeau