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Crédit photo : Bonsound
Variations fantômes aura révélé au grand public Philippe B comme un auteur-compositeur-interprète de grande qualité. Ornithologie, la nuit, quant à lui, ne fait qu’appuyer ce que l’on savait déjà et confirme aussi l’importance de la présence du chanteur au sein de notre répertoire musical québécois.
L’album présente les petites histoires du quotidien d’un homme oiseau-de-nuit qui immerge tranquillement vers le bonheur. Sans être un album-concept, Ornithologie, la nuit nous permet de suivre celui-ci durant une année entière de sa vie. La succession des chansons tient donc du défilement des quatre saisons, et chacune d’elles est inspirée d’une émotion ou d’un état d’âme vécu par le protagoniste.
Tout d’abord, la chanson d’ouverture, «La complainte du scaphandrier» résume en tout point la quête du personnage. Sur une douce trame acoustique, Philippe B évoque la peur de l’inconnu: «J’ai peur de remonter / Trop vite des profondeurs / De laisser mon cœur exploser / De laisser ma peau s’exposer.»
De plus, la succession des chansons donne la possibilité à l’auditeur de pleinement s’imprégner du lot d’incertitudes de cet homme qui ne semble vivre que la nuit. Cette succession nous transporte tranquillement vers quelque chose de mieux, quelque chose de plus positif et lumineux.
Il est intéressant de constater que la première partie de l’album nous baigne dans des compositions très grises. L’automne est à nos portes, il fait froid, on se réfugie chez soi, la solitude prend le dessus et on s’isole. Des chansons comme «Calorifère», qui est certainement l’une des plus belles de l’album, frappe avec sa franchise, mais aussi avec l’intensité du texte et le ton musical adopté. Impossible de se lasser à l’écouter en boucle.
Puis le soleil arrive tranquillement et fait fondre la neige alors que l’on débute l’écoute d’«Alice» et «Nous irons jusqu’au soleil», qui évoquent toutes deux des rencontres fortuites. Philippe B propose cette fois-ci des mélodies très ensoleillées qui rappellent les bords de mer et les coups de soleil. Très léger dans le texte, on ne peut que penser à sa chanson «L’été» de Variations fantômes, qui proposait un peu le même genre de jovialité.
En ce qui a trait à la deuxième moitié de l’album, celle-ci tend vers l’immersion du personnage alors que ce dernier se laisse porter par les imprévus de la vie et tente de sortir de sa torpeur. «L’année du serpent» nous ramène à l’essentiel, alors qu’on nous catapulte au centre de la chanson sombre baignée d’une ligne de piano d’une immense tristesse.
En prime, quelques pièces instrumentales ornent aussi l’album, ce qui a pour effet d’offrir une belle transition entre les «saisons» du personnage.
Au final, pour ce quatrième album, Philippe B a misé sur la simplicité. Les signatures classiques et les orchestres sont restés ancrés auprès de Variations fantômes. Le chanteur s’est aussi entouré de deux choristes (Audrey-Michèle Simard et Amélie Mandeville) qui appuient ses chansons ici et là avec une grande douceur.
Avec Ornithologie, la nuit, on revient à la source même de l’art du songwriting: un texte profond, imagé et porteur d’un message sans être pour autant difficile à décortiquer. La beauté même de la simplicité.
À lire également: notre entrevue avec Philippe B au sujet d’Ornithologie, la nuit et de l’ADISQ 2012: labibleurbaine.com/entrevue-avec-philippe-b.
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de la rédaction