MusiqueCritiques d'albums
Un mélange de sonorités typiquement colombiennes, comme le porro, la gaita, la champeta et la cumbia (un genre né au XVIIe siècle en Colombie et qui fusionne musique et danse), se marie aux styles ska, beat-box, hip-hop, dub, funk et boogaloo (mélange de soul, de rhythm and blues et de rythmes afro-cubains) dans Ondatropica, un cocktail tropical sonore qui présente des pistes des années 60 et 70 agréablement mises à jour et solidement ancrées dans la modernité grâce à un enregistrement progressif et avant-gardiste.
Le concept vient principalement du musicien colombien Mario Galeano, la tête forte derrière le groupe Front Cumbiero et Quantic’s Combo Barbaro. Galeano opte pour une approche d’enregistrement 100% analogique en hommage au son et à la sensation auxquels le studio avait tourné le dos depuis quelques années. Le but du projet Ondatropica est de réinterpréter l’héritage de la musique traditionnelle tropicale colombienne avec des arrangements plus modernes. Le résultat est on ne peut plus festif et contient plusieurs surprises, comme une reprise d’un succès souvenir de nul autre que Black Sabbath avec la pièce «Iron Man», joyeusement transformée en musique latine sous le titre de «I Ron Man», un véritable clin d’œil aux années 70. Il est tout à fait charmant de voir que le plaisir était au rendez-vous chez les membres d’Ondatropica lors de l’enregistrement.
Mais qui sont-ils au juste? La troupe se compose d’environ 42 musiciens, dont l’âge s’échelonne de la puberté jusqu’à 82 ans. Les membres se sont retirés pendant plus de trois semaines à partir de janvier 2012, dans le fameux studio colombien Discos Fuentes fondé en 1934, où ils ont enregistré leur album, tantôt en groupe, tantôt en solo.
Un des musiciens impliqués dans le projet est le pianiste octogénaire Juancho Vargas, qui s’est rendu directement de l’hôpital jusqu’au studio d’enregistrement pour interpréter la chanson «Cumbia Espacial», qui débute en ballade pour se transformer en véritable punch tropical. À la fois douces et agitées, la plupart des chansons donnent le sourire aux lèvres, apportant réconfort et dépaysement absolu.
La Chilienne MC Ana Tijoux prend le micro pour «Suena», dont la ligne mélodique se veut une ode à son tube des années 60, «Sabaneros». El Chongo, un jeune percussionniste et beatboxer de la ville des Caraïbes de Cartagena, apparaît sur «Rap Maya», un affrontement sonore avec le joueur de gaita de 82 ans, Ramaya Pedro. Le tout est agrémenté d’une énergie tribale qui réchauffe énormément.
L’ambiance générale de l’album Ondatropica a grandement été influencée par le Barranquilla, fête colombienne basée sur l’accordéon-jeu, et mentionnons que le chanteur Don Anibal Velasquez, immense vedette en Colombie, a également rejoint l’enregistrement pendant deux jours.
Si vous cherchez un album double qui ne donne aucunement envie de changer de track, puisque chacune des plages apporte son lot de bonheur, procurez-vous cet immanquable petit bijou latino.
La sortie d’Ondatropica est prévue pour le 16 juillet en copies CD et vinyle et l’album sera disponible en téléchargement via les sites officiels des étiquettes de disques Soundway et Audiogram.
Crédit photo: www.soundwayrecords.com
Appréciation: ***1/2
Écrit par: Olivier Boivin