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Crédit photo : Guillaume Simoneau
Dans un café du Mile-End, Sam détonne, mais ne détonne pas à la fois. Dans la vie, il écrit des affaires (en publicité, notamment), il tripe sur Star Wars et Jacques Dutronc, et il tire aussi le tarot à l’occasion. On peut dire qu’il a des goûts éclectiques, mais il parle avec autant d’enthousiasme d’une révolution dans la musique pop radiophonique que de ses derniers achats chez Costco. Mais jamais il n’a le regard aussi pétillant que lorsqu’il parle de son protégé Olivier. «Ce gars-là est tellement smath que c’en est buggant, ça m’a vraiment marqué quand je l’ai rencontré, nous raconte Sam. Il était venu voir l’un de nos shows avec mon groupe The New Rome, et quand il est entré dans la salle, c’est comme si la pièce était devenue sous vide. Tout le monde s’est retourné pour le regarder.»
Le charisme d’Olivier n’avait pas passé inaperçu et quand, quelques mois plus tard, le bon ami de Sam, Alexandre Pomerleau (qu’il appelle affectueusement Pom), lui a reparlé du jeune chansonnier qui aimerait maintenant se lancer dans du matériel original, Samuel était plus que partant. Par un petit mardi passé à day drinker au soleil, les gars ont eu une réalisation: «Dans le fond, Oli, ça pourrait être un genre de Jacques Dutronc du Québec». Quelques heures plus tard, ils avaient plein de titres de chansons et brainstormaient déjà à propos de l’esthétique du projet. Un après-midi assez productif, disons. «Tout ce que je savais d’Oli, c’est qu’il est beau, qu’il chante fucking bien et qu’il faisait genre 200 shows par année. Le gars est rodé», se souvient Sam.
Il n’avait jamais écrit de chansons en français avant, mais il avait envie d’essayer et de proposer quelque chose de nouveau et d’accessible. «J’étais deep dans la vieille musique française, la musique franco mainstream ça a jamais été ma tasse de thé. J’avais envie d’écrire ce que moi je trouve le fun dans la chanson franco, mais sans nécessairement respecter les codes qui sont déjà établis», explique-t-il. Le résultat? Des chansons désengagées, plutôt légères et pleines de double sens. On vous invite à écouter «Tarte à la crème» pour bien saisir l’ampleur de la chose.
Les deux comparses avaient bien mis la table pour le projet, et c’est ce plan un peu fou et bien loin du matériel qu’Olivier faisait avant qu’ils lui ont proposé. Spoiler alert: il a accepté. Nourri par les histoires de coeur et de tournée du jeune homme, Sam s’est mis à écrire des chansons faites sur mesure pour l’interprète, et Alexandre a composé des mélodies accrocheuses et rétro qui fittent avec l’esthétique du projet. «J’ai jamais vu un gars autant pogné avec les filles, c’est presque bizarre! (rires) C’est mes mots, mon angle, mon attitude, mais c’est ses histoires que je raconte dans mes textes. Je suis un peu plus baveux que lui dans la vie, mais je trouve que ça lui va bien d’être baveux, parce qu’on ne peut pas l’haïr ce gars-là (rires)».
Même quand on est cute et qu’on pogne, tout n’est pas toujours rose. Même si le trio ne pensait pas vraiment faire de pièces plus sombres lorsqu’ils ont commencé le projet, éventuellement, la pièce «Au Zénith» a pointé le bout de son nez. C’est le morceau le plus intense de l’album, et Sam nous raconte que ça a été très difficile pour Olivier en studio, expérience qui lui a même arraché des sanglots et un haut-le-coeur avant d’avoir la take finale. «Ça parle de rage et de la désillusion de la gloire. C’est une chanson qui dit “Je suis tanné. Je ne suis pas né pour jouer les tounes des autres dans des petits bars.” Je l’ai écrite pour lui, mais moi aussi j’ai ce genre de rage là, comme n’importe qui qui a le désir de faire quelque chose de plus grand.»
Sam a lui aussi passé pas mal de temps sur les planches avec son groupe The New Rome, qui est présentement en pause, alors la question se posait: pourquoi n’a-t-il pas interprété les chansons lui-même? «C’est mes goûts, mais je ne suis pas Olivier. Les tounes, je les ai écrites pour lui. J’aime le concept d’être le gars derrière qui écrit, ça me turn on (rires). Même le côté producer, manager, j’aime ça. Ma joke, c’est que je suis le René Angelil des pauvres! (rires)», mais il n’a pas tout fait tout seul. «Là, c’est moi qui parle, mais tout ça, c’est moi et Alexandre Pomerleau. Pom, c’est le vrai génie derrière. J’écris, je fais les harmonies vocales, mais c’est vraiment Pom qui compose.»
D’ailleurs, s’il vous prend l’envie d’aller voir Olivier en spectacle, vous risquez fortement de les croiser. Probablement dans le fond de la salle, ou près de la merch. Le sourire aux lèvres et le regard brillant du parent fier de sa progéniture. Sauf que dans ce cas-ci, la progéniture en question est un jeune homme débordant de charisme qui se démène sur scène en col roulé sur des airs yéyés.