«Old Ideas» de Leonard Cohen: retour aux sources

L’artiste multidisciplinaire Leonard Cohen, aujourd’hui âgé de 77 ans, a récemment donné un un souffle de vie au paysage artistique avec Old Ideas, un album de dix chansons qu’il a réalisé en compagnie de Patrick Leonard.

Mélodies sobres et tempérées ainsi que timbre de voix de baryton granuleux, Old Ideas, le premier album de Leonard Cohen à paraître en huit ans, est la douceur et la tranquillité incarnées; c’est un hymne à la vie, à la mort, à l’amour et au désir.

Véritable retour aux sources pour cette figure emblématique du paysage montréalais, Old Ideas alterne, par l’intermédiaire de tempos lents d’une rare pureté, des mélodies tantôt folk, tantôt pop, accentuées d’inspirations jazz et blues. Ici et là, maracas, piano, violon, orgue et guitare classique accompagnent la voix chaude et profonde d’un Leonard Cohen vieillissant. D’emblée, le grand romantique, qui a jadis fait couler maintes larmes avec les paroles touchantes de son plus grand succès en carrière, «Suzanne» («Now Suzanne takes your hand / And she lead you to the river»), s’est laissé un peu attendrir par les effets du temps. Leonard Cohen, moins énergique que jadis, récite plus qu’il ne chante, et parfois son chant prend davantage les proportions d’un murmure au creux de l’oreille, tellement il est contenu.

Old Ideas n’est pas un album au sein duquel regorgent une pléthores de succès instantanés. C’est certes une œuvre de qualité, réalisée de la main experte et perfectionniste d’un grand artiste ayant marqué plus d’une génération, mais vous serez néanmoins surpris par une première écoute. D’emblée, le ton est à la détente, à la relaxation plus qu’à l’envoûtement spontané, mais vous trouverez, tout de même, un certain réconfort auprès des excellentes «Going Home», «Come Healing»  et «Show Me The Place», dans lesquelles les chants féminins, posés, accompagnent avec harmonie et subtilité les doux arpèges à la guitare classique et le chant mielleux du grand Cohen. Rares sont les mélodies plus pop, avec un tempo davantage rythmé, mais les chansons «Darkness», «Different Sides»  et «Banjo»  sauront répondre aux exigences des amateurs de musique pop.

Leonard Cohen, après cette longue absence, a pris le soin de se ressourcer afin de revenir auprès d’un public admirateur avec des titres travaillés, léchés jusqu’à l’indécence, voire à la perfection. Les fans du Montréalais d’origine y trouveront leur compte, alors que les autres, pour qui la seule évocation du nom Leonard Cohen ne rappelle qu’un vague souvenir, seront peut-être déçus devant autant de simplicité et de tranquillité.

Appréciation: ****

Crédit photo: Sony Music

Écrit par: Éric Dumais