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«Nocturne» de Wild Nothing: en route vers 1986
Âmes en peine, nostalgiques de Robert Smith et fans de pop britannique romantico-new wave des années 1980: réjouissez-vous! Jack Tatum, alias Wild Nothing, nous offre ici un voyage dans le temps pour anglophiles assumés. À mi-chemin entre The Queen is Dead et les groupes twee de la fameuse compilation C86, Nocturne surclasse aisément les précédents efforts de Tatum.
Issu du revival dream pop des dernières années (Beach Fossils, Craft Spells, DIIV, etc.), Wild Nothing avait réussi à séduire la critique avec Gemini, un premier album prometteur paru sur Captured Tracks en 2010. Sur son nouveau disque, Tatum suit les plans établis lors de la conception de Gemini, mais construit ses chansons sur des bases beaucoup plus solides. Le budget réalisation a augmenté considérablement depuis les premiers enregistrements du multi-instrumentiste et le résultat est saisissant.
«Shadow» introduit tout le nouveau potentiel sonore de Wild Nothing en déployant une meute de violons pour accompagner les hooks de guitares et la voix délicate du chanteur. L’ajout des cordes apporte un effet de grandeur inespéré à ce titre d’ouverture flirtant avec l’indie pop sophistiquée de Belle and Sebastian. Dans un tout autre registre, «Paradise» nous plonge dans un univers disco semi-dépressif où des synthétiseurs digne des films de John Hughes se donnent la réplique derrière le chant morose de Tatum.
Les arrangements de guitares sont particulièrement habiles d’un morceau à l’autre. Des effets de delay à la U2 dans la pièce titre, au picking acoustique de «Through The Glass», en passant par l’utilisation modérée de distorsion (une rareté chez Wild Nothing) dans «Disappear Always», les différentes parties de six cordes sont réfléchies et variées. Tout comme sur l’album précédent, l’influence de Johnny Marr est souvent palpable dans les enchaînements de riffs mélodieux. Les guitares sont propres comme un sou neuf et brillent comme dans les meilleures chansons des Smiths.
Mis à part quelques redondances en fin de parcours, Nocturne relève le mythique «défi du deuxième album» haut la main. Pendant onze pièces, on se laisse transporter par les mélodies de ce disque remarquablement agréable qui n’a pas peur d’afficher ses couleurs. Les références 80’s sont aussi nombreuses que pointues, mais toujours intégrées de façon organique. C’est précisément grâce à ce talent enviable de compositeur que Tatum arrive à sortir du lot.
Appréciation: ***½
Crédit photo: http://wild-nothing-nocturne.com
Écrit par: Louis-Jean Trudeau
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