«Night Time, My Time» de Sky Ferreira – Bible urbaine

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«Night Time, My Time» de Sky Ferreira

«Night Time, My Time» de Sky Ferreira

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Publié le 2 décembre 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Capitol Records

À seulement 21 ans, Sky Ferreira fait partie de ces artistes qui touchent à tout. On peut la reconnaître autant comme mannequin, actrice ou bien chanteuse pop. Non seulement multiplie-t-elle les domaines d’activités artistiques, mais il est évident qu’elle tient mordicus à plaire aux fans de musique pop et aussi à une clientèle plus branchée sur la culture indie. Elle livre ici son premier album, Night Time, My Time.

Tout d’abord, on ne peut taire cette pochette signée Gaspar Noé: Ferreira y apparaît seins nus sous la douche. Entrée en matière légèrement provocatrice rappelant l’endos du premier album de PJ Harvey, Dry, en 1992, ou même Cut du groupe The Slits (avec un contenu beaucoup moins cru, évidemment). Depuis un an, elle fréquente aussi Zachary Cole Smith, chanteur du groupe hipster par excellence Diiv. Ajoutez à cela une accusation de possession de drogue et une tournée avec Miley Cyrus en 2014, et vous obtenez une personnalité publique aux multiples identités.

Bien entendu, ce côté touche-à-tout se reflète à travers la musique de Sky Ferreira. On y retrouve énormément de clins d’œil aux années 1980 et de chansons dont les mélodies semblent déjà entendues. La première chanson, «Boys», très accrocheuse, emprunte généreusement les airs de «Common People» de Pulp. On sent donc immédiatement une artiste voulant à la fois trôner au sommet des palmarès, mais aussi rendre hommage aux groupes qu’elle et son copain écoutent en boucle.

Comme une panoplie d’artistes des dernières années, Ferreira emprunte beaucoup aux années 1980. «24 Hours» aurait pu être chantée par Pat Benatar ou bien se retrouver dans un film de John Hugues (ou les deux). La chanson suivante, «Nobody Asked Me (If I Was OK)» rappelle étrangement Belinda Carlisle et son «Heaven is a Place On Earth». Les deux pièces peuvent toutefois entrer dans la catégorie «plaisirs coupables», car elles sont très bonnes malgré tout.

Tel que mentionné plus haut, Ferreira semble déterminée à s’aventurer dans des territoires plus obscurs. Les résultats sont plutôt inégaux. Le meilleur exemple est probablement «Omanko», avec ses sonorités très post-punk faisant penser au groupe avant-gardiste des années 1970 Suicide. Même le titre, mot japonais qui fait référence à l’organe génital féminin, ne provoque aucunement l’effet choquant désiré. Ferreira essaye parfois trop fort de sortir de ses limites.

Premier extrait de l’album, «You’re Not the One» est représentatif des points forts de la musique de Sky Ferreira: une chanson très new wave qui s’avère instantanément entraînante. Le vidéo nous montre une Ferreira dangereusement ressemblante à Debbie Harry de Blondie. Ailleurs, «I Blame Myself» et «Heavy Metal Heart» sont passables, mais très peu mémorables. La deuxième moitié de l’album s’avère un peu moins solide, sauf peut-être pour la chanson «I Will», très bien livrée dans un style guitare-synthétiseur, qui figurerait admirablement sur un album des Killers.

La chanson titre tente de conclure l’album sur un ton plus sombre et décadent, mais l’effet est un peu anti-climatique. Bref, à force de vouloir accumuler différentes identités musicales et esthétiques, Sky Ferreira se perd un peu sur son premier album. Force est d’admettre qu’à son très jeune âge, elle aura amplement le temps de se tailler une personnalité propre.

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